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LANSKOY ANDRÉ (1902-1976)

Peintre français d'origine russe, Andreï Mikhaliovitch Lanskoy est né à Moscou.

Élevé à l'École des pages, il se destine tout d'abord au métier militaire, et lorsque éclate la Révolution de 1917, il s'engage dans l'armée blanche à Kiev, où il s'est réfugié.

C'est en arrivant à Paris, en 1921, qu'il décide de se consacrer exclusivement à la peinture. Pratiquement autodidacte, il apprend les rudiments du métier chez le peintre Soudiekine, qui était surtout décorateur de théâtre, et fréquente un moment la Grande Chaumière. Des visites assidues au Louvre, la découverte de Van Gogh, de Cézanne, Matisse, l'amitié de Soutine et de Larionov, et plus tard lorsqu'il optera pour l'abstraction, une grande admiration pour Klee et Kandinsky, semblent les seuls éléments déterminants de la formation de ce peintre qu'un élan spontané pousse vers une peinture qui restera au fil des années profondément marquée par les origines russes de l'artiste. « Art violent, luxurieux, tumultueux et barbare d'aspect, né du cœur de la vieille et sainte Russie », écrivait Jean Grenier à propos de l'œuvre d'André Lanskoy. Une œuvre dont les racines se situent incontestablement au cœur de cette Russie qu'évoquait Kandinsky dans Regard sur le passé, où le monde extérieur, que ce soit celui des icônes, des objets quotidiens ou celui du folklore ne pouvait être perçu qu'en termes de rythmes et de couleurs.

En 1923, Lanskoy participe à une exposition de groupe à la galerie La Licorne, et expose régulièrement au Salon d'automne, où il est remarqué par le critique Wilhelm Uhde. Deux ans plus tard, sa première exposition personnelle a lieu à la galerie Bing. Il peint alors des scènes d'intérieur, des natures mortes ou des portraits typiquement slaves que l'on pourrait rapprocher des peintures populaires russes si, au lieu d'y trouver une exécution très minutieuse, on n'y voyait au contraire une certaine liberté dans le traitement, une matière très dense et l'exaltation des dominantes chromatiques qui resteront les constantes de l'œuvre de Lanskoy. C'est tout naturellement, semble-t-il, que le peintre passera vers les années 1940 à l'abstraction. Lié, dès cette époque, par un contrat à la galerie Louis Carré, chez qui il exposera à plusieurs reprises. Il sera pendant de nombreuses années, aux côtés d'Estève, de Manessier, Bazaine, Tal Coat, Singier, Riopelle et de Vieira da Silva, une des personnalités marquantes de l'école de Paris, qui, à partir de 1947, refusant les rigueurs de l'abstraction géométrique, opte pour un art non figuratif caractérisé par le lyrisme, la spontanéité du geste, l'immédiateté de l'intention, l'explosion et la révolte.

L'œuvre de Lanskoy se développe dès lors avec une unité singulière, liée essentiellement au pouvoir d'exaltation de la couleur. Prestigieux coloriste, l'artiste sait en varier avec justesse les accents, les valeurs et les rythmes. Une ébauche au crayon, pastel ou fusain – elle reste très souvent lisible dans certaines de ses œuvres – marque tout d'abord les grandes lignes de la composition, qui est presque toujours ascensionnelle. Le canevas ainsi formé est ensuite repris, approfondi par de nombreux passages de couleurs. Celles-ci sont toujours violentes et saturées. Qu'ils s'inscrivent sur des fonds noirs ou plus neutres, appliqués en larges empâtements, les rouges, les jaunes, les verts, les violets, les bleus ou les orange éclatent en rythmes stridents qui évoquent un magnifique feu d'artifice ou une immense farandole joyeuse et colorée qui aurait envahi la totalité de la toile.

— Maïten BOUISSET

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