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LURÇAT ANDRÉ (1894-1970)

Architecte français, représentant du mouvement dénommé style international, André Lurçat est, avec Hannes Meyer (moins censuré que lui, cependant), l'un des rares praticiens et théoriciens marxistes de sa génération. Après avoir fait des études académiques à l'École des beaux-arts de Paris, dont il sort diplômé en 1923, Lurçat voyage beaucoup : il découvre l'architecture du Moyen Âge et de la Renaissance en Italie, rencontre Hoffmann en Belgique, Gropius en Allemagne (qui l'invitera en 1926 à l'inauguration du Bauhaus), les frères Taut, J. J. P. Oud aux Pays-Bas. En 1928, Lurçat préside la commission d'urbanisme du congrès de La Sarraz, premier congrès international d'architecture moderne (Le Corbusier présidait la commission d'architecture) ; il ne s'agissait pas seulement d'emmagasiner un certain nombre d'éléments connotant la modernité (éléments qu'il utilisa par la suite : balcons et auvents en cantilever, nudité des murs, fenêtres en bande continue, baies vitrées, etc.), mais de réfléchir sur la fonction de l'architecture et sur son articulation à l'urbanisme. La plupart des architectes fondateurs des congrès internationaux d'architecture moderne (C.I.A.M.) déploraient en effet ne pouvoir construire que des maisons particulières. La propriété privée est un obstacle à la planification urbanistique : c'est la première prise de conscience politique de Lurçat.

En 1930, en accord avec la municipalité communiste dirigée par Paul Vaillant-Couturier, Lurçat réalise le groupe scolaire Karl-Marx à Villejuif, où il tente de mettre en pratique une architecture « démocratique » en invitant la population à participer au projet. Ce groupe scolaire aura un retentissement international, car c'est par des bâtiments destinés à de telles fonctions que l'architecture moderne fera son entrée dans de nombreux pays. Invité en U.R.S.S., il rencontre les architectes « constructivistes » (Guinzbourg, Vesnine), dont le travail l'intéresse vivement, et il décide de venir travailler quelques années dans ce pays. De 1934 à 1937, il y enseigne (et participe notamment au concours pour l'Académie des sciences de Moscou, en 1934), mais il n'aura malheureusement pas la possibilité de bâtir directement. Son enseignement critique sera écouté avec ferveur, mais son influence sera plus tard radicalement combattue par les architectes réactionnaires de l'ère stalinienne. À la différence des autres architectes occidentaux travaillant en U.R.S.S. (May, Hannes Meyer), Lurçat dénonce l'insuffisance théorique des architectes soviétiques non en termes esthétiques ou techniques, mais en termes politiques : leur retard architectural vient du manque de formation politique. « La connaissance du marxisme doit aider l'architecte à faire de l'architecture un art fondé sur la connaissance des faits et sur la science des lois qui la régissent, ce qu'elle était jusqu'à l'époque capitaliste », écrit Lurçat à Moscou (« L'Homme, la technique et l'architecture », in Izvestia, Moscou, 1937, repris dans VH 101, no 8-9, Paris, 1972). L'interprétation qu'il donne du passé se fonde aussi sur les thèses du matérialisme dialectique : « L'éclectisme n'est-il pas une copie sèche, sans esprit, de l'aspect des œuvres du passé, ne tenant aucun compte de leur contenu, de leur valeur idéologique, de l'époque et de la société pour laquelle elles ont été créées ? » Lurçat allait être déçu de l'accueil officiel à ses propos : l'architecture soviétique devait sombrer dans le néo-classicisme le plus académique. De retour en France, il fonde pendant la Seconde Guerre mondiale le Front national des architectes résistants et ne reprendra qu'après cette période son activité[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université Harvard

Classification

Autres références

  • ARCHITECTURE RELIGIEUSE AU XXe SIÈCLE, France

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    • 5 277 mots
    • 2 médias
    ...confère à la lumière, tout autant qu'au béton brut, le rôle de matériau essentiel, répondant parfaitement aux besoins des Dominicains. Auguste Perret et André Lurçat contribuent eux aussi à renouveler l'esthétique de l'église : Saint-Joseph du Havre (1951-1954), ultime œuvre monumentale de l'architecte...