LWOFF ANDRÉ (1902-1994)
Un des fondateurs du renouveau de la génétique
André Lwoff a été un acteur principal du renouveau de la génétique en France, directement et surtout au travers du groupe qu’il a constitué autour de lui à l’Institut Pasteur. Ses travaux sur les bactéries lysogènes, c'est-à-dire la manière dont certains virus s’intègrent au chromosome bactérien, mais peuvent en être excisés sous l’effet de facteurs extérieurs, constituent la partie « virus » des articles relatifs à l’expression des gènes récompensée par le prix Nobel de 1965.
En 1955, il aborde l'étude des poliovirus, de la lutte de l'organisme contre l'infection virale et du mécanisme d'action des températures supra-optimales. En 1962, il propose, avec Robert Horne et Paul Tournier, une nouvelle classification des virus, qui prend en considération quatre caractères : la nature du matériel génétique (ADN ou ARN), la symétrie de la capside (hélicoïdale ou cubique), l'absence ou l'existence d'une enveloppe entourant la nucléocapside, les dimensions. Cette classification, qui a fait l’objet de débats très vifs, a été largement adoptée depuis.
Les contributions scientifiques d’André Lwoff lui valent de recevoir, avec ses deux plus proches collaborateurs de l’Institut Pasteur, le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1965. Il se distancie ensuite de la recherche expérimentale. André Lwoff a aussi été un remarquable professeur à l’université de Paris, jouant un rôle déterminant dans l’enseignement de la génétique moléculaire moderne.
André Lwoff est décédé à Paris, le 30 septembre 1994, à l’âge de quatre-vingt-douze ans. Plus de trois cents publications témoignent de son œuvre scientifique. Parmi elles, citons son livre L'Ordre biologique (1962), un ouvrage de conférences destiné à l’origine à amener les physiciens et les chimistes du Massachusetts Institute of Technology à s'intéresser aux problèmes de la biologie moderne. Ce livre traduit une réflexion personnelle sur l’idée qu’un ordre biologique, tout comme une information biologique, serait essentiellement qualitatif et donc différent de l’ordre thermodynamique des physiciens et des chimistes. L’ordre biologique ne se dissout donc pas, comme on pouvait le craindre, dans le mécanicisme de la biologie moléculaire. C’est en ce sens qu’il faut noter que les deux dernières publications scientifiques de Lwoff, en 1990, qui portent sur la génétique des ciliés, sont aussi une sorte de réflexion sur ses premiers travaux ainsi que sur le flou entourant la notion d’héritabilité de caractères morphologiques chez les protistes.
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Écrit par
- Jacqueline BROSSOLLET : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
Classification
Médias
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