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MALTERRE ANDRÉ (1909-1975)

« Les cadres sont les mal aimés d'une société industrielle dont certains dirigeants se refusent d'abandonner le moindre de leurs privilèges, mais entendent obtenir le renoncement aux avantages du personnel d'encadrement, acquis par des années de lutte, espérant ainsi satisfaire, au détriment des cadres, les aspirations du monde ouvrier. » Tel est le diagnostic que portait André Malterre au milieu des années 1970, au terme d'une carrière d'une trentaine d'années consacrée à la construction puis à la consolidation de la Confédération générale des cadres. Cette formule se trouve résumer les principaux objectifs que son auteur a poursuivis.

Au départ, celui-ci n'avait pas eu la tâche facile. Lorsque la C.G.C. est née, en 1944, ni le climat politique ni le gouvernement n'étaient favorables aux cadres, eux-mêmes généralement plus individualistes que tentés par l'action collective.

Cependant, certains cadres avaient perçu dès 1936 les métamorphoses nouvelles de la société et le futur président de la C.G.C., qui était l'un d'eux, avait alors compris que cette catégorie sociale ne pouvait s'identifier ni au patronat, ni à la classe ouvrière, et qu'elle n'était pas non plus assimilable à la bourgeoisie, puisque, après avoir vécu de leur travail, les cadres deviennent non des rentiers mais des retraités.

André Malterre avait trente-huit ans lorsque, en 1947, il devint secrétaire général adjoint de la C.G.C. Il avait fait son droit et suivi les cours de l'Institut d'études politiques avant d'entrer, en 1934, au Crédit industriel et commercial, en qualité d'inspecteur. En 1941, il devint directeur des services administratifs et juridiques des papeteries Darblay.

Quand il est élu, en 1950, secrétaire général de la C.G.C. (il en deviendra le président six ans plus tard), celle-ci, qui se veut strictement apolitique, a déjà décidé de faire porter son action sur trois points principaux : le régime de retraite complémentaire (la première convention garantissant cette formule a été signée en 1947, mais la C.G.C. devra constamment veiller à ce que les caisses ne soient pas amputées de leurs ressources par une modification de la législation sur la sécurité sociale) ; la fiscalité, qui devient de plus en plus lourde à mesure que se déprécie la monnaie ; enfin la hiérarchie des salaires.

Inlassablement, André MaIterre multiplie les démarches auprès du gouvernement et les mises en garde auprès du Parlement (une amicale parlementaire des cadres est créée en 1963). Avec la C.G.C., il s'oppose catégoriquement à toute esquisse d'une politique des revenus et, considérant la lutte des classes comme dépassée, mise sur le libéralisme, le réformisme, le paritarisme, la concertation.

Syndicaliste, André Malterre est aussi un économiste. Entré au Conseil économique et social en 1951, il est élu questeur en 1955 et exerce les fonctions de rapporteur de la section du plan et de la conjoncture. Ses rapports, qui associent son nom à celui de Jacques Dumontier, font autorité.

Certains éléments de la C.G.C. ont reproché à André Malterre ses positions en 1960 en faveur de l'Algérie française, ce contre quoi il s'est défendu en répondant qu'il se faisait ainsi l'avocat des intérêts des cadres C.G.C. d'Afrique du Nord et qu'il se devait, par la même occasion, d'attirer l'attention du pays sur les conséquences économiques et sociales de l'indépendance algérienne.

La grande vague des grèves de 1968 a accentué les remous à l'intérieur de la C.G.C., les contestataires reprochant au président une sorte d'immobilisme. Le syndicat du pétrole fut exclu de la Confédération, celui de l'Électricité de France se retira.

André Malterre ayant annoncé qu'il ne demanderait pas le renouvellement de son mandat, le[...]

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Écrit par

  • : chef de la rubrique sociale au journal Le Monde

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