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MARCHAL ANDRÉ (1894-1980)

L'organiste français André Marchal naît à Paris le 6 février 1894. Il devient aveugle très jeune. Après de solides études à l'Institut national des jeunes aveugles à Paris, André Marchal est admis en 1911, à l'âge de dix-sept ans, au Conservatoire national de Paris dans la classe d'orgue d'Eugène Gigout. Deux ans plus tard, il obtient le premier prix d'orgue et d'improvisation, puis un prix d'excellence de fugue et de contrepoint. Suppléant de son maître pendant de nombreuses années à la tribune de Saint-Augustin, et parfois de Charles Tournemire à Sainte-Clotilde, à l'orgue de César Franck (qui, à cette époque, était tel que l'illustre compositeur l'avait connu), Marchal, durant cette période particulièrement riche de sa vie, fréquente aussi Augustin Barié, organiste de Saint- Germain-des-Prés, à qui il succède à la tribune. Le Tout-Paris de l'orgue fréquentera ces lieux pendant les trente ans qu'il tiendra les claviers, notamment lors de la messe de onze heures, le dimanche. Après la mort de Joseph Bonnet, le célèbre instrument de Saint-Eustache lui est confié ; il en est le titulaire de 1944 jusqu'à sa démission en 1963, à la suite d'une polémique navrante concernant la restauration de l'instrument ; l'organier qu'il avait recommandé fut d'ailleurs, pour finir, chargé des travaux à accomplir. André Marchal meurt à Hendaye le 28 août 1980.

L'action en faveur de l'orgue accomplie par André Marchal ne se cantonna pas dans le seul domaine de fonctions liturgiques traditionnelles. Sa renommée grandit surtout à la suite de ses concerts, d'une part, et en raison de la qualité de son enseignement, d'autre part. C'est en 1923 qu'André Marchal commença sa carrière de concertiste. À cette époque, on relève dans ses programmes les noms de Jean- Sébastien Bach, Mendelssohn, Franck, Saint-Saëns, Gigout, Barié, Widor, Vierne. Ce dernier, organiste de Notre-Dame de Paris, ayant, en 1920, entendu Marchal jouer sa Deuxième Symphonie, fut séduit par son interprétation et lui dédicaça, en témoignage d'estime et d'amitié, sa Quatrième Symphonie, que Marchal créa et fit connaître dans le monde entier. Il traversa pour la première fois l'Atlantique en 1930, à la suite de Guilmant, de Bonnet, de Vierne et de Dupré. « Préparez-moi dix concerts de Bach », lui avait proposé un amateur américain, huit mois seulement avant leur exécution à Cleveland. Et Marchal releva le défi. Le succès fut tel que, jusqu'en 1969, il retourna dix-sept fois en tournée aux États-Unis.

Sortant des sentiers battus occupés par l'orgue romantico-symphonique et sa littérature, Marchal suivit la voie entrouverte par Alexandre Guilmant et qu'empruntèrent, chacun à sa manière, Albert Schweitzer et Joseph Bonnet. Suivant les conseils de Jean Huré, un découvreur amoureux de la musique française ancienne, il renouvela considérablement les programmes de concerts d'orgue. C'est ainsi qu'en 1923 eurent lieu quatre séances mémorables à la salle Berlioz du Conservatoire de musique de Paris. Lors du premier récital, on pouvait lire les noms de Cabezón, Frescobaldi, Buxtehude, Louis Couperin, Grigny, Daquin et Jean-Sébastien Bach. C'était un événement. Toute l'Europe de ceux qu'on désignait alors comme les « primitifs » – c'est- à-dire les organistes d'avant J.-S. Bach – était représentée. Mais André Marchal a reconnu qu'il se posait de nombreuses questions d'interprétation, surtout à propos de Grigny, dont les ornements l'étonnaient. Comment fallait-il les jouer ? Personne ne pouvait le lui dire. Marchal fut donc l'un des premiers organistes à faire connaître et aimer la littérature de l'orgue ancien.

Ses nombreux élèves de l'Institut national[...]

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

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