MARCHAND ANDRÉ (1907-2007)
Par son opiniâtreté et par le commentaire perpétuel qu'il fait de ses propres œuvres dans ses carnets, l'autodidacte André Marchand occupe dans la peinture française contemporaine une place tout à fait à part. Vers 1933, alors qu'il travaille à Paris, son œuvre consiste surtout en grandes figures influencées par le style pompéien de Picasso. Ce sont des personnages aux corps monumentaux porteurs de têtes moins grandes, conformément à un schéma qu'on retrouvera à d'autres époques de l'œuvre de Marchand. Son retour dans sa Provence natale, en 1940, va lui donner sa dimension véritable. Celle-ci se marque d'abord par un expressionnisme fortement structuré, au service de conceptions d'une réelle originalité : dans Les Trois Parques (1943-1944), un groupe de trois Arlésiennes, en tenue traditionnelle, est opposé à une femme nue étendue à terre, dont on ne sait si elle rêve ou si elle est morte. Un graphisme de plus en plus aigu permet à Marchand de traduire, à différentes heures ou à différentes saisons, ces thèmes essentiellement camarguais que sont les manades et les vols de flamants. En même temps, dans ses portraits, ses nus et ses paysages, il pratique une juxtaposition de couleurs de plus en plus audacieuse, réinventant en quelque sorte le fauvisme, mais sans jamais abandonner des effets de touche qui lui sont propres. Vers 1960, à la suite d'un voyage en Bretagne, il pratique une décomposition des formes qui le rapproche de l'abstraction, mais l'esprit de synthèse et le lyrisme méditerranéen de Marchand ne disparaissent pas pour autant ; il les transpose dans les monumentales compositions, fruit de son voyage au Mexique (1970), qui sont constituées par des architectures chromatiques pareilles à de larges carreaux de céramique (Oiseaux en vol, 1976-1979). Son contact permanent avec la nature fournit à Marchand ses élans comme il en situe les limites. Dix ans après sa mort, deux importantes expositions lui ont été consacrées en 2007 à Marseille (palais des Arts) et à Saint-Rémy-de-Provence (musée Estrine).
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Écrit par
- Gérard LEGRAND : écrivain, philosophe, critique d'art et de cinéma
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