MARIE ANDRÉ (1897-1974)
Né à Honfleur (Calvados), André Marie est fils et petit-fils d'instituteurs. Après des études de droit, il s'inscrit au barreau de Rouen et commence une double carrière d'avocat et d'écrivain (il écrit plusieurs livrets d'opéras-comiques ainsi que des pièces de théâtre) avant d'adhérer au Parti radical-socialiste, dont il devient un des membres les plus fidèles et les plus représentatifs. Élu conseiller d'arrondissement en 1923, conseiller municipal de Rouen en 1925, conseiller général du canton de Pavilly en 1928 et, la même année, député de la Seine-Inférieure (aujourd'hui Seine-Maritime), réélu dans cette fonction en 1932 et en 1936, il est, dès 1933, nommé sous-secrétaire d'État spécialement chargé des affaires d'Alsace-Lorraine ; puis, en 1934, il est sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères dans le deuxième cabinet Daladier tout en étant, dans le même temps, délégué à la Société des Nations.
Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, il reprend volontairement du service comme capitaine d'artillerie. Fait prisonnier en 1940, il est libéré en 1941 comme ancien combattant ; mais, de retour à Rouen, il se démet de tous ses mandats, ne voulant accepter que celui du suffrage universel. Il entre alors dans la Résistance, est arrêté en septembre 1943 et déporté à Buchenwald. À son retour, il est élu maire de Barentin et retrouve très vite son siège d'abord de conseiller général puis de député – il siège sans discontinuer au Palais-Bourbon d'octobre 1945 à novembre 1962.
Durant cette période, il ne cessera d'assumer des responsabilités gouvernementales : garde des Sceaux dans le cabinet Ramadier en 1947, puis, dans le premier cabinet Robert Schuman, chef du gouvernement du 24 juillet au 28 août 1948, vice-président du Conseil dans le second cabinet Robert Schuman et dans le cabinet Queuille. C'est alors qu'il est l'objet d'une violente campagne : il lui est reproché d'avoir, l'année précédente, classé une affaire de collaboration visant l'entreprise Sainrapt et Brice.
Blanchi par l'Assemblée nationale, il tombe malade et doit quitter ses fonctions gouvernementales jusqu'en août 1951 : il devient ministre de l'Éducation nationale dans le deuxième cabinet Pleven, au moment où se discute la loi Barangé sur les subventions aux écoles libres. Il conserve ce poste dans les cabinets Edgar Faure, Antoine Pinay, René Mayer et Joseph Laniel, soit jusqu'en juin 1954.
En 1956, il rompt avec Pierre Mendès France, alors vice-président du Parti radical, et fonde un groupe radical dissident. Il est réélu en 1958 mais, hostile au pouvoir personnel, partisan, de surcroît, de l'Algérie française, il est battu aux élections de novembre 1962.
Il se réconcilie avec le Parti radical en 1966 mais, de nouveau battu aux élections de 1967 et de 1968, il ne fera vraiment la paix avec les hautes instances du parti qu'en 1971, lors de l'accession de Jean-Jacques Servan-Schreiber à la présidence. Élu membre du bureau, il retrouve en 1973 son mandat de conseiller général de Pavilly et accède, la même année, à la présidence du conseil général de la Seine-Maritime.
André Marie laisse le souvenir d'une figure à la fois marquante et typique du radical-socialisme des IIIe et IVe Républiques, dans la lignée politique et lettrée d'un Édouard Herriot, dont il demeure l'émule.
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Écrit par
- Paul MORELLE : critique littéraire
Classification
Média