AMPÈRE ANDRÉ-MARIE (1775-1836)
Dans l'effort continu de l'homme pour dominer la matière, capter son énergie, interpréter ses manifestations et les utiliser, des noms illustres émergent à qui nous sommes redevables de toute cette transformation. Dans la multitude de savants, d'inventeurs, de chercheurs qui lui ont consacré leur vie – tels Lavoisier, Pasteur, Curie, Einstein –, Ampère occupe une place exceptionnelle, trop souvent méconnue.
André-Marie Ampère naît à Lyon le 20 janvier 1775. De très bonne heure, il montre un esprit avide de savoir. Il se forme sans maître. D'une intense curiosité intellectuelle, à quatorze ans il a le courage de lire entièrement les vingt volumes de l'Encyclopédie. À dix-huit ans il connaît les principales œuvres mathématiques de son temps. Survient alors un événement qui a failli miner pour toujours de si brillantes qualités. Le père du jeune savant, juge de paix à Lyon, est arrêté et décapité en tant qu'aristocrate. Ampère ressent un tel chagrin que sa raison est en danger. Peu à peu, il surmonte sa douleur et se remet à ses études scientifiques et philosophiques. Successivement professeur à Bourg, puis à Lyon, ensuite à Paris, répétiteur, professeur à l'École polytechnique, nommé inspecteur général de l'Université, membre de l'Institut, enfin professeur au Collège de France, il meurt à Marseille le 10 juin 1836.
L'apport d'Ampère à l'évolution des sciences est capital. Il reste un admirable exemple de savant à la fois inventeur et précurseur.
Esprit créateur, il produit des découvertes par un phénomène de germination spontanée, comparable à une force de la nature.
Chercheur-né, il est sans cesse en quête de la vérité, toujours prêt à s'enthousiasmer devant les idées des autres, à les assimiler en les contrôlant si possible expérimentalement, à les développer ensuite en restant pénétré de l'immense inconnu qui enveloppe les pensées humaines.
Mathématicien de premier ordre, il montre comment l'on doit utiliser cette science, qu'il considérait comme une branche de la philosophie, à l'étude des découvertes des faits physiques pour en donner une formule définitive. Le rôle des mathématiques s'est révélé précieux, même nécessaire, comme moyen d'expression de la physique moderne.
Précurseur de génie, Ampère ouvre à l'esprit scientifique des voies par la suite largement exploitées.
Le fondateur de l'électromagnétisme
Jusqu'en 1820, on connaissait l' électricité grâce à la pile de Volta et à la balance de Coulomb. On connaissait aussi le magnétisme et la lumière. Mais entre ces trois ordres de phénomènes, on n'établissait aucune relation, et, ignorant leur nature intime, on ne savait même pas déterminer et régler leurs manifestations.
En 1820, le physicien danois Hans Christian Œrsted découvre que le voisinage d'un « conflit électrique » (nous dirions maintenant avec Ampère le courant électrique) dévie l'aiguille aimantée. Partant de cette simple expérience que personne, pas même Œrsted, n'avait su comprendre et exploiter, Ampère, en quelques semaines, établit les bases de toute une science à laquelle il donne le nom d'électromagnétisme. Les traits fondamentaux en sont :
– la notion d'identité du magnétisme et de l'électricité ;
– l'explication du champ magnétique terrestre ;
– la conception de courants particulaires existant dans l'aimant et du feuillet magnétique.
Chemin faisant, Ampère crée la notion de courant électrique. Il lui attribue une direction, un sens, concrétisés par la fameuse règle appelée encore aujourd'hui la règle de l'observateur ou du bonhomme d'Ampère. Poussant plus loin son analyse, Ampère donne au phénomène observé cette forme mathématique qui permet, par la suite, d'en prévoir et calculer les effets. Tout cela[...]
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Écrit par
- Louis POUDENSAN : professeur honoraire de l'Université
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