SAUGER ANDRÉ (1896-1973)
Né le 17 mai 1896 à Paris, licencié en droit, André Sauger avait tout d'abord fait carrière dans les secrétariats particuliers d'hommes politiques de la IIIe République : Léon Bourgeois et Gaston Doumergue, avant d'opter pour le journalisme à La République puis à L'Œuvre et, peu avant la guerre, au Canard enchaîné. Sous l'occupation, il appartient à la Résistance et, à la Libération, devient chef du service politique de Franc-Tireur, puis rédacteur en chef du quotidien progressiste Libération, tout en poursuivant sa collaboration au Canard enchaîné, dont il devait devenir administrateur en 1955. Il fut vice-président du Syndicat de la presse hebdomadaire parisienne de 1969 à sa mort.
Il était considéré comme le dernier des boulevardiers. Sa haute stature, son élégance fin de siècle, son habitude de ne prendre de vacances qu'à Deauville, où on le rencontrait le soir au casino un œillet à la boutonnière, ses bons mots, son esprit parisien en faisaient le journaliste type comme les romans de Maupassant et des frères Goncourt en ont fixé l'image, habitué du Napolitain et du Palais-Bourbon.
De son passage dans les cabinets ministériels il avait gardé le secret des grandes et des petites entrées de la vie politique. Son domaine était celui des couloirs où se défont les gouvernements plus vite qu'ils ne se forment. Il était le journaliste le plus informé de ce qui ne se dit qu'à mots couverts et ne se répète que dans les journaux d'opposition.
Son style était à son image ; débonnaire, fleurant bon la démocratie républicaine, avec des coups de patte incisifs et des éclairs révélateurs. Le style du Canard enchaîné, dont il possédait naturellement le sens du calembour et du mot qui fait mouche. Il était représentatif d'un temps et d'une époque journalistiques où le ton l'emportait sur la documentation.
Cette apparente désinvolture n'excluait pas le sens des engagements. Sous l'occupation, replié à Vichy, il aida Georges Bidault, futur président du Conseil national de la Résistance, à rédiger le Bulletin de la France combattante, destiné à la presse clandestine. Arrêté par la police, il échappa de peu à la Gestapo.
Il a écrit quelques livres : Aujourd'hui, mon vieux (1924), La vie est belle (1928) et Dictature ou démocratie (1932).
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Écrit par
- Paul MORELLE : critique littéraire
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