VÉSALE ANDRÉ (1514-1564)
Né à Bruxelles, André Vésale commence ses humanités à Louvain, puis étudie la médecine à Paris (1533-1536). Ses maîtres parisiens sont Gonthier d'Andernach et Jacques Sylvius ; Michel Servet est son condisciple. Sa passion pour l' anatomie l'entraîne à déterrer des cadavres au cimetière des Innocents et à dérober des pendus au gibet de Montfaucon. À vingt ans, il démontre que la mâchoire inférieure de l'homme est composée d'un os unique, contrairement à ce qu'enseignait Galien. Après un bref retour à Louvain, où il enseigne l'anatomie, il part pour l'Italie. Passant par Bâle et par Venise, il atteint Padoue à la fin de 1537, est reçu docteur de l'université et, après une remarquable leçon de dissection, il est nommé professeur d'anatomie et de chirurgie de cette université. Cette nomination est renouvelée en 1543 mais, pour une raison non éclaircie, il quitte précipitamment l'Italie l'année suivante et se rend à Madrid où Charles Quint lui propose d'être l'un de ses médecins ; il le suit dans ses voyages (France, Belgique, Autriche) et, lorsque ce prince abdique, il devient le médecin de son successeur Philippe II ; à ce titre il est appelé en consultation à Paris, en 1559, au chevet d'Henri II blessé à mort lors du tournoi donné en l'honneur du mariage de sa fille avec Philippe II. Lors de son séjour à Madrid, des inimitiés l'opposent à ses confrères flamands ou espagnols ; il quitte l'Espagne (1563), une fois encore dans des conditions mal définies. Avait-il, comme l'affirme Ambroise Paré, disséqué un gentilhomme en état de mort apparente et son voyage aux Lieux saints devenait-il un pèlerinage d'expiation ? Était-il las de l'Espagne et souhaitait-il, au retour de la Palestine, s'arrêter en Italie où Padoue s'apprêtait à lui offrir à nouveau une chaire ? Réellement malade, comme il le prétendait, cherchait-il la guérison sous un autre climat ? À son retour de Jérusalem, son vaisseau fait naufrage sur les côtes de l'île de Zante, et Vésale y meurt peu après.
C'est durant la partie padouane de sa vie (1537-1544) qu'il rédige, fait illustrer et imprimer le texte de la célèbre Fabrica ; impressionné par les nombreuses erreurs qu'il relève en comparant les textes anatomiques de Galien avec les cadavres humains qu'il dissèque, Vésale entreprend de corriger les inexactitudes du maître en rappelant que celui-ci n'avait disséqué que des animaux (singes, en particulier). Vésale décrit le corps humain tel qu'il l'a étudié au cours de ses nombreuses dissections et il illustre son récit par d'admirables planches anatomiques, gravées soit sur cuivre, soit sur bois. Bien que présenté par Vésale, dans la préface, comme l'œuvre d'un disciple de Galien, De corporis humani fabrica libri septem (Bâle, 1543) provoque un énorme scandale chez les disciples du maître de la médecine. L'ouvrage connaît un immense succès en Europe, mais Vésale est attaqué par les traditionalistes, menés par son ancien maître Jacques Sylvius. Les réformes vésaliennes seront reconnues et admises, et si Vésale n'a pas rectifié toutes les erreurs et en a lui-même commis quelques-unes, sa Fabrica est à l'origine de l'étude moderne de l'anatomie, fondée sur la dissection et l'observation scientifique. La Fabrica est un chef-d'œuvre d'imprimerie, typographie superbe, iconographie due à un ou, plus probablement, plusieurs artistes jusque-là inconnus. C'est l'iconographie qui, paradoxalement, est la partie la plus étudiée et commentée de la Fabrica : au style verbeux et grandiloquent des sept livres de l'ouvrage s'oppose la clarté des légendes et de la préface.
Avant Vésale, d'autres esprits s'étaient élevés contre l'autorité[...]
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Écrit par
- Jacqueline BROSSOLLET : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
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