MANTEGNA ANDREA (1431-1506)
Le « Retable de saint Zénon »
Entre la fin de l'année 1456 et l'année 1459, Mantegna entreprend notamment une œuvre destinée, elle aussi, à avoir une grande influence : le Retable de saint Zénon à Vérone. Renonçant à la composition traditionnelle des polyptyques, il y crée une unité idéale des figures prises dans le réseau des lignes perspectives. Il conçoit une architecture feinte qui englobe la totalité de la surface peinte et qui se termine sur les bords extérieurs de l'œuvre par d'authentiques demi-colonnes en bois, celles de la corniche du retable. Il en résulte un espace illusionniste, un milieu idéal où trouve place la Madone, assise sur son trône et entourée par des saints. Tous ces personnages sont unis les uns aux autres, dans une ambiance sentimentale dont la tension interne est elle-même définie par l'unité spatiale. Dans le Retable de saint Zénon, les figures vivent d'une même vie stylistique et morale qui détermine une tension dynamique d'une exceptionnelle efficacité. Cette tension est due aux raccourcis de la perspective, à la violence chromatique, à la raideur dédaigneuse des personnages enfermés dans leur monde pétrifié. Dans les scènes de la prédelle du polyptyque (La Prière au jardin des Oliviers et La Résurrection qui se trouvent à Tours ; La Crucifixionqui est au musée du Louvre), la créativité et le dynamisme de l'art de Mantegna s'affirment aussi bien dans la composition que dans le chromatisme. Le rendu des figures minces et allongées semble faire écho aux premières œuvres de Giovanni Bellini dont Mantegna avait épousé la sœur en 1454. La nature des rapports et des échanges entre les deux beaux-frères est encore matière à controverse. Il est probablement impossible de les définir exactement. On est d'accord toutefois pour penser que ces rapports ont été stimulants pour l'un et l'autre. On admet que le milieu padouan des années 1450, milieu plein de vie et de passion, fut déterminant pour l'avenir de la peinture vénitienne de la Renaissance dont Giambellino est le grand patriarche. Dans La Mort de la Vierge du Prado, la parenté de Mantegna et de Bellini est évidente, principalement dans l'exécution des paysages.
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Écrit par
- Pietro ZAMPETTI : professeur d'histoire de l'art, université de Venise
Classification
Médias
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