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EMBIRÍKOS ANDRÉAS (1901-1975)

Poète et écrivain grec dont le nom est régulièrement, et parfois abusivement, associé dans son pays à celui du surréalisme, Embiríkos, philosophe de formation puis psychanalyste, fut, il est vrai, le premier, en Grèce, à mettre en pratique certains des mots d'ordre lancés par les surréalistes français. Il n'a jamais renié sa dette envers André Breton dont la rencontre, en 1927, est abondamment évoquée dans une œuvre par ailleurs avare de détails personnels. Mais sa personnalité exigeante, érudite, secrète — que l'on pourrait rapprocher, parmi les écrivains français, de celle d'un Ponge ou d'un Leiris — se dérobe à toute définition trop stricte, d'autant que le surréalisme n'a jamais bénéficié en Grèce de l'élan d'un véritable mouvement littéraire. Auteur d'une œuvre prolifique, Embiríkos offre en outre l'exemple rare d'un écrivain peu enclin à la publication ; la majeure partie de ses écrits restent donc à découvrir. Il débute officiellement dans les lettres en 1935, avec un recueil de poèmes (Hupsikaminos, « Haut-Fourneau ») qui allait jeter un pavé dans la mare paisible, ou seulement agitée par les vaguelettes du « karyotacisme », de la poésie de son temps. Fasciné par la sonorité des mots, utilisant à dessein une langue ardue, d'un purisme presque provocant, Embiríkos y revendiquait le droit à une poésie totale, affranchie de toute contrainte. On n'a pas manqué d'évoquer à son propos l'expérience de l'écriture automatique, ou les parolibere (« les mots en liberté ») des futuristes italiens. Ce premier et mince recueil n'en a pas moins ouvert la voie à un courant nouveau, débordant de sensualité et d'optimisme, dont O. Elytis allait devenir l'un des meilleurs représentants. Par la suite, Embiríkos aura tendance à délaisser les jeux, parfois gratuits, du langage pour se faire l'interprète d'un lyrisme plus délié et plus accessible (Endochôra, 1945 ; « Domaine intérieur »). À l'image de son existence, longtemps partagée entre la Grèce et les capitales européennes, ses écrits témoignent cependant d'un cosmopolitisme presque aristocratique qui, à la différence de ses contemporains Ritsos ou Séféris, fait de lui le poète d'un public lettré et restreint. Citons encore parmi ses œuvres les plus représentatives — et précédant son volumineux roman, Ho Megas Anatolikos, « Le Grand Oriental », achevé une quinzaine d'années avant sa mort — un recueil de textes théoriques et de poèmes en prose (Grapta hè Prosôpikè Muthologia, 1954 ; « Écrits, ou Mythologie personnelle ») et un recueil de poèmes posthume, tout à la fois manifeste et hymne prophétique (Oktana, 1980).

— Gilles ORTLIEB

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