Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FEININGER ANDREAS (1906-1999)

Le photographe Andreas Feininger est né à Paris en 1906. Il est le fils du peintre Lyonel Feininger (1871-1956). Andreas rejoint l'Allemagne, pays de la famille de son père, en 1914. Il étudie à Weimar, où est installée la célèbre école du Bauhaus animée par Walter Gropius et dans laquelle son père enseigne. Il y suit une formation d'ébéniste de 1922 à 1925. Ses premières photographies sont marquées par l'esthétique du Bauhaus comme l'a bien montré en 1990, l'exposition Photographie Bauhaus 1919-1933 où il figure. De 1925 à 1928, il étudie l'architecture à Weimar puis à Zerbst où il s'adonne à la photographie, installant en 1927 son propre laboratoire. On retrouve cette conjonction d'intérêts pour la création et pour la technique de la photographie dans toutes ses publications (il a signé près de quarante ouvrages).

Parallèlement à la profession d'architecte qu'il exerce à Dessau puis à Hambourg, de 1928 à 1931, il commence à montrer ses photographies, notamment à Stuttgart en 1929, dans le cadre de l'exposition Film und Foto, considérée aujourd'hui comme l'un des manifestes de l'avant-garde. Y figurent les chefs de file de la « nouvelle vision » : Albert Renger-Patzsch et Lazlo Moholy-Nagy.

En 1932, il part pour Paris où il travaille pour Le Corbusier, sans abandonner la photographie : il réalise au Leica des prises de vue d'architecture, pratique inhabituelle, car ce nouvel appareil de petit format est surtout conçu pour le reportage dont il est le symbole. L'une des images les plus célèbres de Feininger représente d'ailleurs un visage dissimulé derrière un Leica : Le Photojournaliste (1955). Mais avant de s'engager dans la voie du photojournalisme, qu'il pratiquera d'ailleurs plus volontiers en grand format, s'attachant moins au traitement de l'événement qu'à un travail d'illustration, Feininger est d'abord photographe d'architecture et d'industrie. À Stockholm, où il s'installe en 1933, il crée un atelier spécialisé dans ce domaine, fabrique un appareil spécifique et publie des ouvrages techniques. En 1939, il quitte la Suède pour les États-Unis et s'installe à New York. Il collabore alors avec l'agence de presse photographique Black Star par laquelle passent d'illustres photojournalistes, en particulier W. Eugene Smith. Mais l'année décisive pour lui est 1943 : il entre au magazine Life qu'il ne quittera qu'en 1962 et dont il recevra environ 350 commandes. Ses images voisinent avec celles de W. Eugene Smith, entré à Life en 1944, mais leurs sujets diffèrent. Smith couvre la guerre du Pacifique, Andreas Feininger se sent plus attiré par les différentes formes du génie humain : « Je suis intéressé par tout ce que l'homme a produit, les machines qui l'aident à construire comme celles qui lui permettent de voler. » Il réalise ainsi des prises de vue parfois très complexes sur le plan technique, comme celle d'un hélicoptère décrivant une spirale lumineuse dans un ciel nocturne. Mais son passé d'architecte l'amène naturellement au paysage urbain, en particulier celui de New York ; en témoigne l'ouvrage qui rassemble en 1966 ses travaux sur cette ville et qui met en valeur son sens de la composition en photographie. Celle-ci doit, pour lui, répondre à trois critères : clarté, simplicité et organisation. Il explore de nouveaux sujets, dont certains constituent le thème de livres publiés au cours des années 1960 : Man and Stone, Trees et Shells. Consacrés à la nature, ils viennent compléter l'image que Feininger a donnée de l'activité humaine.

De nombreuses expositions lui sont consacrées. En 1955, il participe à The Family of Man, le projet d'Edward Steichen. En 1957, il présente une exposition personnelle à[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : historien et critique de la photographie, chargé de cours à l'université de Paris-X

Classification