VOZNESSENSKI ANDREÏ ANDREÏEVITCH (1933-2010)
Le poète russe Andreï Andreïevitch Voznessenski fut l'un des plus grands écrivains de la Quatrième Génération, qui émergea en U.R.S.S. après l'ère stalinienne.
Né le 12 mai 1933 à Moscou, Andreï Andreïevitch Voznessenski passe sa prime enfance dans la ville de Vladimir. En 1941, il part avec sa mère et sa sœur vivre à Kourgan, dans les montagnes de l'Oural, tandis que son père participe à l'évacuation des usines de Leningrad assiégée. Les effets profonds de la guerre transparaîtront par la suite nettement dans sa poésie.
Après l'armistice, la famille rentre à Moscou, où le jeune Voznessenski poursuit sa scolarité. Durant ses études à l'Institut d'architecture de la capitale, dont il sort diplômé en 1957, il fait parvenir des vers de sa composition à Boris Pasternak, lequel l'encourage à persévérer et devient son modèle pendant les trois années qui suivent.
De fait, la poésie de Voznessenski se place sous le signe d'un retour à l'avant-garde qui marqua les années 1920 : Pasternak mais aussi Khlebnikov, Maïakovski, Tsvetaïeva. Ses premiers poèmes, publiés en 1958, sont marqués par une métrique et des rythmes changeants, une utilisation particulière de l'assonance et des associations sonores ainsi qu'une ferveur morale empreinte à la fois d'une vive passion et d'une grande subtilité intellectuelle. Parmi ses premières œuvres remarquables figurent le long poème narratif Mastera (1959, « Les Maîtres ») et deux recueils, intitulés Mozaika (1960, « Mosaïque ») et Parabola (1960, « Parabole »).
À la fin des années 1950 et au début des années 1960, les poètes soviétiques lancent une renaissance créative, baptisée « poésie du dégel ». Les lectures de poésie deviennent si populaires qu'elles se tiennent parfois dans des établissements sportifs afin d'accueillir des milliers d'auditeurs. Avec son contemporain Evgueni Evtouchenko et la femme de celui-ci, Bella Akhmadoulina, Voznessenski devient une vedette phare de ces événements. À partir de 1963, cependant, les artistes et les écrivains soviétiques du dégel font l'objet d'une campagne de condamnation conduite par les autorités. Comme tous ceux qui ont cherché à ouvrir une voie en dehors de l'école autorisée du « réalisme socialiste », Voznessenski subit sept mois durant la critique officielle ; il ne connaît un retour en grâce partiel qu'après s'être rétracté publiquement, non sans ironie, dans la Pravda. Au cours des décennies de 1960 et 1970, il continuera néanmoins, comme ses pairs, de se voir régulièrement reprocher son obscurité, ses expérimentations et son « immaturité idéologique ». En dépit de ces attaques fréquentes, Voznessenski conserve sa position d'écrivain « officiel » – il recevra notamment le prix d'État de l'U.R.S.S. en 1978) –, car il parvient à composer sur des thèmes stratégiques lorsque cela s'avère nécessaire. Il est par conséquent capable d'agir d'une façon qui serait autrement dangereuse pour un auteur soviétique : il signe ainsi des textes condamnant l'occupation de la Tchécoslovaquie et prenant la défense du romancier Alexandre Soljénitsyne, et collabore à l'almanach clandestin Metropol'.
Dans un de ses poèmes, « Goya » (1960), Voznessenski utilise une série de métaphores puissantes afin d'exprimer les horreurs de la guerre. « Akhillesovo serdtse » (1967, « Le Cœur d'Achille ») et « Avtoportret » (« Auto-Portrait ») évoquent quant à eux les souffrances et l'angoisse que l'auteur a connues durant la répression de 1963. Parmi ses œuvres ultérieures, citons les volumes Sorok liricheskikh otstupleny iz poemy « Treugolnaya grusha » (1962, littéralement « Quarante digressions lyriques tirées du poème „La Poire triangulaire“[...]
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