Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

KOURKOV ANDREÏ (1961- )

Andreï Kourkov - crédits : Philippe Matsas/ Leextra/ opale.photo

Andreï Kourkov

Traduite dans plus de trente langues, l’œuvre d’Andreï Kourkov a fait de lui le plus connu des écrivains ukrainiens et un véritable ambassadeur de ce pays dans le monde. C’est par la fable et la satire qu’il évoque les convulsions des sociétés après la chute de l’URSS.

Né le 23 avril 1961 à Boudogochtch (oblast de Leningrad, URSS), Andreï Kourkov vit depuis son enfance en Ukraine, pays dont il possède la nationalité. Diplômé de l’Institut des langues étrangères de Kiev (Kyiv en ukrainien), il parle six langues. Il aurait commencé à écrire dès l’âge de sept ans, d’abord des poèmes, puis des nouvelles, vers l’âge de treize ans. Alors qu’il effectuait son service militaire à Odessa en tant que gardien de prison, il a rédigé des contes pour enfants. Écrite en russe, son œuvre compte plusieurs dizaines de romans et de textes courts, mais aussi de nombreux scénarios, rédigés notamment à l’époque où il travaillait pour les studios Dovjenko à Kiev. Il est devenu célèbre avec le roman Le Pingouin, traduit en trente-six langues. Ce livreest son premier roman paru en français (2000), chez Liana Levi, qui a publié depuis la quasi-totalité de ses œuvres dans cette langue, à l’exception des livres pour enfants, parus chez Borealia. En Ukraine, ses derniers romans sont parus chez un éditeur de Kharkiv, Folio, simultanément en deux langues, russe et ukrainienne.

Le langage de la fable

Andreï Kourkov élabore un univers où s’entremêlent la magie et le réel. Il porte un regard ironique et bienveillant sur ses personnages, où souvent les humains côtoient les animaux, en faisant appel à un langage allégorique subtil. L’ensemble de son œuvre se caractérise par l’humour et un profond humanisme, où la fantaisie l’emporte sur le style franc et direct. Il n’hésite pas non plus à recourir aux mécanismes de l’intrigue policière, plongeant le lecteur dans une quête rocambolesque. Excellent satiriste de la société postsoviétique, l’écrivain rassemble à travers le monde un auditoire stable qui suit fidèlement ses publications.

Dans son œuvre, Andreï Kourkov suit et épouse les péripéties politiques de son pays. Il a fait de l’Ukraine la toile de fond de ses romans, en décrivant l’évolution du pays depuis la chute du régime soviétique et les premières années d’indépendance avec leur absurde chaos (Le Pingouin, 1996, trad. franç. 2000 ; L’Ami du défunt, 2001, trad. franç. 2002 ; Les pingouins n’ont jamais froid, 2002, trad. franç. 2004), sa quête des origines (Le Caméléon, 1997, trad. franç. 2001, Le Bon Ange de la mort dansla version originale), la révolution orange (Le Dernier Amour du président, 2004, trad. franç. 2005), les années postrévolutionnaires (Laitier de nuit, 2007, trad. franç. 2010) ou encore la guerre dans le Donbass (Les Abeilles grises, 2018, trad. franç. 2022).

Très souvent, les romans de Kourkov ont pour cadre Kiev ou s’y réfèrent, mais aussi Lviv (Le Concert posthume de Jimmy Hendrix, 2012, trad. franç. 2015) ou Otchakiv (Le Jardinier d’Otchakov, 2010, trad. franç. 2012). Seule exception notable, Vilnius, Paris, Londres (2016, trad. franç. 2018), qui se déroule dans ces trois villes d’Europe – Histoire de Schengen pour le titre original. La capitale ukrainienne du milieu des années 1990 est aussi le décor de son premier grand succès, Le Pingouin : un journaliste au chômage adopte un pingouin après la fermeture du zoo. Cet étrange duo va être confronté aux soubresauts de la société après l’effondrement du communisme. C’est aussi là, une dizaine d’années plus tard, que se déroule Laitier de nuit, et c’est encore dans la capitale ukrainienne que débute Le Caméléon, avant de s’acheminer vers Astrakhan, dans une quêtequi a pour origine la découverte d’un manuscrit de Taras Chevtchenko, le poète national ukrainien. Kiev est également le[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales

Classification

Média

Andreï Kourkov - crédits : Philippe Matsas/ Leextra/ opale.photo

Andreï Kourkov

Autres références

  • UKRAINE

    • Écrit par , , , , et
    • 40 363 mots
    • 17 médias
    ...2013-2014 et la guerre dans l’est du pays, est confrontée à la question de la place de la littérature de langue russe, dont le représentant le plus connu est Andreï Kourkov (Le Pingouin, 1996 ; Le Dernier Amour du président, 2004 ; Laitier de nuit, 2007 ; Le Jardinier d’Otchakov, 2010 ; Le Concert posthume...