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ZAKHAROV ANDREÏAN DIMITRIEVITCH (1761-1811)

Élève de l'Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg où des maîtres français et italiens transmettent les préceptes d'un néo-classicisme devenu international, Zakharov obtient une bourse d'étude à l'étranger qui lui permet de découvrir Rome et surtout Paris où, de 1782 à 1786, il fréquente assidûment l'atelier de Chalgrin. De retour à Saint-Pétersbourg, il participe (avec son compatriote Voronikhine) à la vaste campagne de construction entreprise par les continuateurs de Catherine II : les tsars Paul Ier (1796-1801) et Alexandre Ier (1801-1825). L'influence française, devenue prépondérante à cette époque, culmine avec la présence à Saint-Pétersbourg de l'architecte Thomas de Thomon qui, associé aux artistes russes, construit d'importants édifices publics (en particulier, la célèbre Bourse de commerce), imposant ainsi à la capitale un style puissant et contrasté, qui conjugue les portiques des temples de Paestum avec les volumes expressifs imités d'un Ledoux, sur une échelle colossale que les architectes révolutionnaires avaient pressentie. Fortement marqués par une éducation que prolongent ces exemples, les jeunes architectes russes, et particulièrement Zakharov, vont créer un style très original qui concrétise les utopies des architectes français les plus ambitieux. L'Amirauté, élevée entre le quai de la Neva et l'aboutissement de la perspective Nevski, face à l'Ermitage, occupe le cœur de la ville néo-classique qu'est Saint-Pétersbourg. Édifice majeur de la carrière de Zakharov, l'Amirauté fut construite sur ses plans entre 1805 et 1819. Malgré ses dimensions gigantesques, l'édifice conserve une élégance indéniable, avec ses colonnades, ses frises et ses sculptures (les célèbres cariatides portant la sphère céleste, dues au sculpteur T. Chtchedrine) qui se détachent, blanches, sur l'enduit jaune vif du mur. Une flèche d'or couronne le pavillon central qui domine deux ailes très allongées qu'encadrent des pavillons aux masses synthétiques et pittoresques à la fois. L'Amirauté est sans conteste le bâtiment le plus impressionnant et le plus original des édifices russes de cette période. On doit encore à Zakharov un projet pour l'église de Gatchina (inspiré de la Rotonda de Palladio), la construction de fabriques et de communs dans le parc de Gatchina (1800) et la cathédrale Saint-André de Cronstadt.

— Daniel RABREAU

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Sorbonne, directeur du centre Ledoux

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