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ANDROUET DU CERCEAU JACQUES (1520-1586)

Jacques Androuet du Cerceau (appelé le plus souvent « Du Cerceau », dû au motif de l'enseigne de la boutique de son père qui était marchand de vin) fut à la fois un graveur, un dessinateur, un créateur d'ornements, un inventeur d'architectures réelles ou imaginaires et l'auteur du premier ouvrage consacré aux « plus excellents bâtiments » de la France. Son œuvre immense (1 700 gravures, 1 200 dessins) n'a pas d'équivalent dans la production graphique de la Renaissance. L'exposition Androuet du Cerceau (1520-1586), l'inventeur de l'architecture à la française ?, qui s'est tenue du 10 février au 9 mai 2010 à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris en partenariat avec l'Institut national d'histoire de l'art, a permis de rendre hommage aux talents multiples de cet artiste original, après plus de dix ans de recherches menées par un groupe international de chercheurs.

Du Cerceau est né à Paris en 1519 ou 1520. Sa formation première est celle d'un graveur à l'eau-forte, technique nouvelle pratiquée par les graveurs de l' école de Fontainebleau. Aussi sa personnalité artistique s'est-elle définie dans ce milieu : dans les années 1540-1545, il s'inspire des inventions ornementales de Rosso Fiorentino et découvre à travers les « Flamands » actifs à Fontainebleau des recueils de dessins représentant des éléments d'architecture très ornés qu'il utilisera ensuite dans son œuvre. Par ailleurs, il s'intéresse à des dessins d'architectures antiques imaginaires exécutés en Italie à la fin du xve siècle qui l'incitent à produire des recueils de dessins sur vélin analogues. Cette nouvelle activité témoigne d'un intérêt pour l'architecture qui va vite se développer et changer de caractère lorsqu'il rencontre à Fontainebleau Sebastiano Serlio. Le jeune homme dut plaire au vieil architecte : il lui montre ses dessins et l'initie à l' architecture de la haute Renaissance.

En 1546, Du Cerceau s'établit à Orléans, où il déploie une activité extraordinaire, aidé certainement par quelques collaborateurs : il multiplie les suites d'ornements utiles aux métiers d'art et les recueils de dessins d'architecture sur vélin destinés au contraire à une clientèle de riches amateurs. Mais il se détourne des antiquités imaginaires et s'intéresse de plus en plus à l'architecture inspirée de Vitruve que lui a révélée Serlio : ses recherches aboutissent aux belles publications, précédées d'une page de titre en latin, des années 1549-1551, Arcs de triomphe modernes et antiques (1549) et Vues d'optique (1551) notamment. En même temps, il découvre l'architecture française de son temps et publie une première suite de modèles de demeures nobles, dont l'un inspire immédiatement le plan d'un hôtel d'Orléans.

Ces années orléanaises, les plus fécondes de toutes, s'achèvent vers 1551. Du Cerceau revient à Paris et modifie totalement ses activités. Il se consacre avant tout à l'élaboration de modèles de demeures et d'éléments d'architecture destinés à les orner, qu'il publie en 1559 et 1561 dans ses deux premiers Livres d'architecture, dédiés au roi. Les modèles proposés, assez différents des usages français, révèlent surtout sa capacité d'imagination : c'est elle qui a enchanté les contemporains et établi dans toute l'Europe sa renommée d'« architecte », c'est-à-dire de grand connaisseur d'architecture. Paradoxalement, dans les mêmes années, Du Cerceau commence à regarder de près les plus beaux châteaux du royaume et conçoit le projet sans précédent de les célébrer dans une publication somptueuse pour laquelle il obtient le soutien du roi. Le dessinateur inspiré devient topographe.[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne

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