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ZULAWSKI ANDRZEJ (1940-2016)

<it>L'Important c'est d'aimer</it>, A. Zulawski - crédits : Albina/ Rizzoli/ TIT/ SN Prodis/ BBQ_DFY/ Aurimages

L'Important c'est d'aimer, A. Zulawski

Andrzej Zuławski est né en 1940 à Lwów, orthographiée Lviv à partir de la Seconde Guerre mondiale, quand cette ville polonaise fut annexée à la République socialiste soviétique d’Ukraine. Il est le fils de l’écrivain Miroslaw Zuławski, diplomate en poste à Paris à deux reprises entre 1945 et 1965. Andrzej Zuławski a ainsi passé une bonne partie de son enfance et la fin de son adolescence en France. Sorti diplômé de l’IDHEC en 1959, il retourne en Pologne et devient l’assistant d’ Andrzej Wajda, réalisateur de Kanal, film auquel il avait consacré un mémoire. Il publie des critiques cinématographiques et un roman, Kino, interdit par les autorités polonaises. Il réalise deux courts-métrages pour la télévision, dont un, Le Chant de l’amour triomphant (1967), est particulièrement remarqué. Leurs scénarios sont coécrits avec son père, tout comme celui de son premier long-métrage, La Troisième Partie de la nuit (1971), un récit aux confins du politique et du fantastique, dans un monde aux accents totalitaires. La période de l’occupation allemande y fait écho au climat de surveillance généralisée qui règne en Pologne. Le succès critique lui permet d’enchaîner avec Le Diable (1972), une œuvre encore plus ambitieuse, qui a pour toile de fond le partage de la Pologne au début du xviiie siècle. Ivre de bruit et de fureur, dépeignant un monde en déliquescence dénué de repères moraux, le film est censuré en raison de la violence de certaines scènes et ne sortira qu’en 1988.

Zuławski s’installe alors en France et met au cœur de ses films des comédiennes à fort tempérament, Romy Schneider (L’Important c’est d’aimer, 1975), Isabelle Adjani (Possession, 1981), Valérie Kaprisky (La Femme publique, 1984), jusqu’à sa rencontre avec Sophie Marceau (L’Amour braque, 1985 ; Mes nuits sont plus belles que vos jours, 1989 ; La Note bleue, 1991 ; La Fidélité, 2000), qui partagera sa vie pendant plus d’une quinzaine d’années.

Loin de tout réalisme tiède, Zuławski se veut un cinéaste de l’excès, du débordement, des emportements. Si, au départ de ses scénarios, il existe presque toujours un roman, cette charpente ne sert que de garde-fou provisoire à un cinéma qui n’a de cesse de sortir de ses gonds. Sa mise en scène peut parfois donner le sentiment d’être livrée à elle-même, comme en roue libre. La caricature d’une scène « à la Zuławski » serait un groupe de gens agités en tous sens, éructant ou se frappant, tandis que la caméra tourne autour d’eux. Mais il arrive aussi que de ce théâtre de passions tumultueuses émerge une alchimie particulière. Possession, qui entrelace questionnements sur l’intimité du couple, politique et métaphysique, a acquis de la sorte un statut de film culte dans le registre gore. Dans une scène inoubliable, Isabelle Adjani – prix d’interprétation à Cannes pour ce rôle –, s’abandonne à une longue crise paroxystique, avec bouteille de lait fracassée contre le mur d’un tunnel piétonnier de Berlin et écoulement de sang visqueux comme point d’orgue final.

Chez Zuławski, les personnages ne craignent pas de se donner en spectacle, que leur comportement débridé soit justifié par la fiction ou uniquement destiné à notre intention. Le plausible, le vraisemblable, n’y sont pas des critères pertinents. Le réalisateur ne redoute pas non plus le grand-guignol. Dans Chamanka (1996), tourné en Pologne, la troublante Iwona Petry, après avoir connu une passion sexuelle avec un anthropologue, finit, après avoir fracassé le crâne de son amant, par manger sa cervelle à la petite cuillère.

En 2015, après quinze ans loin des écrans pendant lesquels il a écrit des romans, dont L’Infidélité et À propos d’elle (2003), habités par sa rupture avec Sophie Marceau, Zuławski adapte Cosmos, le roman de Witold Gombrowicz. Léopard de la meilleure réalisation au festival de Locarno,[...]

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