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BEVAN ANEURIN (1897-1960)

Aneurin Bevan - crédits : William Vanderson/ Getty Images

Aneurin Bevan

L'un des plus importants chefs travaillistes britanniques entre 1930 et 1960, Aneurin Bevan fut l'un des plus fermes avocats d'une véritable socialisation de la Grande-Bretagne. Fils de mineur, il doit lui-même abandonner la mine, à cause d'une maladie des yeux. Adversaire virulent de la prudence pragmatique d'un Ramsay MacDonald, il est un temps abusé par les idées d'Oswald Mosley, avec lequel il rompt dès 1931, lorsqu'il prend conscience de l'évolution vers le fascisme de son ancien camarade de parti. Partisan d'une radicalisation du programme du Labour Party après la défaite électorale de 1931, il fait alors figure d'un chef de file de l'aile gauche. En 1938, violemment hostile aux dictatures, il se fait, comme Stafford Cripps, l'apôtre d'un « front populaire » et s'oppose aux menaces de militarisme qu'il croit distinguer dans le programme de réarmement de Chamberlain après Munich, et surtout dans l'établissement de la conscription en temps de paix, ce qui cause, durant un temps, son expulsion du parti. La volonté de Clement Attlee de transformer profondément toutes les structures internes le séduit, et ses capacités lui valent d'être appelé en juillet 1945 au ministère de la Santé. On lui doit une part importante de la création de l'État providence, le choix décisif d'une sécurité sociale identique pour tous, la nationalisation de la médecine et des hôpitaux. Progressivement isolé dans un gouvernement qui évolue vers la modération, il dénonce de plus en plus furieusement la priorité accordée, à partir de 1948, à l'effort de réarmement aux dépens d'une extension de la politique de progrès social et démissionne du cabinet en avril 1951, en compagnie de Harold Wilson, pour protester contre l'abandon très partiel de la gratuité des soins dentaires et des frais de lunetterie. Après le retour des travaillistes dans l'opposition, il devient le virulent adversaire des « révisionnistes », le chef de file des « fondamentalistes » qui réclament un programme de nouvelles nationalisations, l'accélération du nivellement social, une politique extérieure pacifique et l'affectation des économies réalisées dans le domaine des armements aux dépenses sociales. En Europe, Bevan apparaît aussi comme l'inspirateur du neutralisme. Il dénonce la constitution d'une force de frappe atomique britannique, et les bevanistes se font un temps les partisans d'un désarmement atomique unilatéral. Il attaque violemment le réarmement allemand. Après la nouvelle défaite travailliste de 1955, les factions rivales se rapprochent, et Bevan consent à collaborer avec le chef du parti, Hugh Gaitskell. Ce dernier le fait entrer, en 1957, dans son « cabinet fantôme », avec la responsabilité des Affaires étrangères ; Bevan renonce, à ce moment, à demander un abandon unilatéral par la Grande-Bretagne de la bombe atomique. Cette réconciliation n'assure pas la victoire aux élections de 1959, et Bevan disparaît à un moment où ses anciens amis de l'aile gauche commençaient à lui reprocher sérieusement son évolution vers des positions centristes.

— Roland MARX

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Média

Aneurin Bevan - crédits : William Vanderson/ Getty Images

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