GABRIEL ANGE JACQUES (1698-1782)
Les résidences royales
Seule une énumération rapide permet d'évoquer ici les nombreux travaux de Gabriel dans les demeures de la royauté. À Compiègne, où il reprit les plans de son père, il triompha d'une double difficulté : la dénivellation créée par la présence de l'ancien rempart entre la cour et le parc, l'angle aigu formé par les deux façades principales, qu'il a masqué intérieurement par un artifice de plan. Saint-Hubert, château des chasses de Louis XV en forêt des Yvelines, n'a laissé qu'un souvenir. De Choisy, commencé par le grand-père de l'artiste, on conserve deux pavillons. À Fontainebleau, entre le jardin de Diane et la cour des Fontaines, Gabriel décora brillamment les appartements de Louis XV et de Marie Leckzinska. Ici, le Gros Pavillon est l'amorce d'une transformation générale, comme à Versailles le pavillon de la Chapelle. Le souci de l'apparat faisait place à celui du confort et de la tranquillité personnelle.
À Versailles, la Petite Galerie de Louis XIV et l'escalier des Ambassadeurs disparurent, sacrifiés aux commodités de la vie quotidienne. Au rez-de-chaussée du palais, l'une des plus belles pièces décorées par Gabriel est la bibliothèque du Dauphin. Au premier étage, il a laissé sa marque au salon de musique de Madame Adélaïde et aux pièces de l'appartement intérieur du roi : la bibliothèque, le cabinet d'angle et le cabinet des Pendules. Plus haut se développe, autour de la cour des Cerfs, le circuit mystérieux des petits cabinets où seuls quelques contemporains ont pénétré. Sur les dessins de Gabriel, Verberckt a répandu à profusion les ornements du style rocaille, mais toujours avec symétrie. Caractéristique est la rosace qui occupe souvent le centre des panneaux et justifie l'appellation de « rocaille rayonnant » donnée par Yves Bottineau au style de Gabriel. Louis XV, tout en approuvant le classicisme en architecture, est toujours resté fidèle au style décoratif qui porte son nom.
Un intéressant témoignage sur l'intime collaboration du roi et de son architecte a été laissé par le duc de Croý, qui vint un jour les consulter pour son château de Condé-sur-Escaut : « Le roi aimait beaucoup les bâtiments. Il me mena dans son joli pavillon de Trianon (le Pavillon français), me fit remarquer que c'était dans ce goût qu'il fallait bâtir. Il commanda à M. Gabriel de me donner deux plans qu'ils avaient faits ensemble dans le même goût et, demandant du papier et du crayon, je lui fis un croquis de ma position. Il dessina ces idées longtemps, lui-même et avec M. Gabriel, retournant cette position, pour laquelle il parut s'intéresser pendant longtemps. »
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Écrit par
- Michel GALLET : conservateur du Patrimoine en chef de la Ville de Paris, membre associé de l'Académie d'architecture
Classification
Médias
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