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RIVAS ÁNGEL DE SAAVEDRA duc de (1791-1865)

Poète et auteur dramatique espagnol. Ángel de Saavedra connut une existence mouvementée. Nommé officier de la garde du roi après avoir été élevé au séminaire des nobles de Madrid, il se distingue au cours de la guerre de l'Indépendance (1808) ; condamné à mort par Ferdinand VII à cause de ses idées libérales, il réussit à s'enfuir et reste exilé pendant dix ans en Angleterre, en Italie, à Malte, en France. Il revient en Espagne après l'amnistie de 1834, hérite du titre de duc et d'une grande fortune ; converti au conservatisme, il devient ministre, président du Conseil d'État, ambassadeur, directeur de l'Académie royale de la langue. Ses premières poésies et ses premières pièces de théâtre sont marquées par le néo-classicisme ; on y trouve l'influence de Meléndez-Valdés et de Quintana. Ensuite l'écrivain s'oriente délibérément vers le romantisme, dont il est l'un des plus illustres représentants en Espagne. Trois œuvres surtout font sa célébrité. D'abord un long poème en douze romanceros : El Moro expósito (1834, Le Bâtard maure), dont le thème est la légende du bâtard Mudarra et de ses frères, les infants de Lara. Cette sorte de fresque haute en couleur, à la fois réaliste et fantastique, offre un tableau des civilisations arabe et chrétienne dans l'Espagne du Moyen Âge. Le prologue écrit par Alcalá Galiano exposait et défendait les nouvelles conceptions artistiques illustrées par l'auteur. Don Álvaro o la Fuerza del sino (Don Álvaro ou la Force du destin), dont la première représentation eut lieu à Madrid en 1835, fut le triomphe du romantisme sur la scène ; ce drame fut en Espagne ce qu'Hernani avait été en France. Les aventures tragiques du héros poursuivi par la fatalité, le mystère et la mort, l'exotisme et l'amour sans merci, comme les effets exacerbés des coups de théâtre, du mélange de genres et de tons, tout contribue à faire de cette pièce une illustration des plus éclatantes de cette nouvelle école. Verdi en tirera un opéra, La Forza del destino (1862). Enfin, le dernier titre de gloire du duc de Rivas sont ses Romances históricos (1841) qui, du règne de Pierre le Cruel à la bataille de Bailén, évoquent de façon brillante, non dénuée d'artifice, des péripéties ou des personnages de l'histoire nationale ; citons parmi les plus connus El Alcázar de Sevilla, Don Álvaro de Luna, El Conde de Villamediana, Un solemne desengaño (Un solennel désabusement), sur la conversion de saint François Borgia.

— Bernard SESÉ

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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