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MERKEL ANGELA (1954- )

La chancelière

Le résultat serré des élections contraint les deux grands partis à gouverner ensemble au sein d'une coalition dont, après d'âpres négociations, Angela Merkel prend la direction comme chancelière. Les commentateurs ne cachent pas leur pessimisme sur l'avenir d'un gouvernement dirigé par une femme qui, à leurs yeux, ne parviendra pas à imposer son leadership. Pourtant, Angela Merkel va rapidement affirmer son autorité politique, tant sur le plan intérieur que sur la scène internationale.

D'apparence froide et austère, cette femme de dossiers, capable d'une grande écoute et d'une remarquable capacité d'analyse, largement imprégnée de culture protestante, mûrit longuement ses décisions. Elle a un sens aigu du pouvoir et des nombreux dangers qui la guettent.

Malgré les réticences de ses partenaires du SPD, elle parvient à mettre en œuvre une bonne part de son programme d'inspiration libérale et conservatrice. Compte tenu de la bonne santé de l'économie allemande et de la baisse du taux de chômage en 2006 et 2007, sa popularité atteint des sommets.

Sous la présidence allemande de l'Union européenne (premier semestre de 2007), elle aboutit, avec le soutien de la France, à la rédaction d'un nouveau traité européen. Sans renier le couple franco-allemand, longtemps moteur de la dynamique européenne, Angela Merkel tire les conclusions du rééquilibrage de l'Europe vers l'Est, qui place son pays au cœur de l'ensemble ainsi constitué. Face à la crise financière mondiale de l'automne de 2008, son attitude timorée concernant l'ampleur de l'effort à fournir pour relancer l'économie nationale est critiquée tant par ses partenaires européens que par ses concitoyens.

Son mandat à la tête de la « grande coalition » CDU-SPD se termine dans un climat tendu, puisque le vice-chancelier (et ministre des Affaires étrangères) Frank-Walter Steinmeier, leader du SPD, est son principal adversaire pour les prochaines élections fédérales. Cependant, les scrutins régionaux de l'été, où le parti de la chancelière apparaît en recul, ne constituent qu'une fausse alerte : Angela Merkel conserve son poste à l'issue des élections législatives du 27 septembre 2009 et peut former une coalition de centre droit avec les libéraux.

Rapidement, pourtant, la chancelière est désavouée lors de la difficile élection de son dauphin Christian Wulff (lequel démissionnera en février 2012) à la présidence de la République à la suite de la démission, en mai 2010, de Horst Köhler. De plus, la coalition qu’elle dirige doit faire face à de sévères défaites électorales dans plusieurs Länder en mai 2010, puis en mars 2011.

Alors qu’Angela Merkel prône l’émancipation de la puissance allemande sur la scène internationale et préconise un renforcement de la gouvernance économique européenne – à la suite des crises financières grecque et irlandaise –, elle doit faire face, sur le front intérieur, à la remise en cause de sa politique économique et sociale. En octobre 2010, elle reconnaît que « le modèle multiculturel allemand a totalement échoué » et, après avoir été sanctionnée par les électeurs pour ses prises de position en faveur du nucléaire – dans le contexte de l’accident de Fukushima en mars 2011 –, elle change radicalement de politique et approuve, le 30 mai 2011, la fermeture des centrales nucléaires du pays d’ici à 2022. Paradoxalement, bien que l'Allemagne sorte renforcée de la crise et devienne la seule puissance économique à pouvoir mettre de l'ordre dans la zone euro, Angela Merkel est menacée par les défaites successives de son parti aux élections régionales. Toutefois, forte d’un bilan économique qui présente un budget en équilibre, une balance commerciale excédentaire et un faible taux de chômage, la CDU-CSU remporte de nouveau les élections fédérales, le 22 septembre[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Médias

Angela Merkel, accord de coalition, 2013 - crédits : NurPhoto/ Corbis News/ Getty Images

Angela Merkel, accord de coalition, 2013

Angela Merkel, 2017 - crédits : Gregor Fischer/ DPA/ Age Fotostock

Angela Merkel, 2017

Changement à la tête de la CDU, 2018 - crédits : Thomas Lohnes/ Getty Images News/ AFP

Changement à la tête de la CDU, 2018

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