PRELJOCAJ ANGELIN (1957- )
Angelin Preljocaj est un chorégraphe contemporain français prolixe, amoureux du mouvement. Il a nommé sa compagnie « Ballet Preljocaj » moins pour rendre hommage à la danse classique que pour s’inscrire dans la logique d’une grande troupe comportant de nombreux danseurs. En effet, sa particuliraté et une des raisons de son succès proviennent de son goût pour chorégraphier de grands ensembles d’interprètes. Il est, sans conteste, la personnalité de la danse française la plus demandée à l’étranger.
L’enfant terrible de la chorégraphie
Le parcours d’Angelin Preljocaj, né en 1957 à Sucy-en-Brie (Val-de-Marne) de parents albanais immigrés en région parisienne, est celui de toute la première génération de chorégraphes français contemporains avec quelques particularismes, comme celui de débuter par la danse classique tout en pratiquant les arts martiaux. Ces derniers lui donneront cette « patte » inimitable faisant de chacune de ses œuvres une sorte de concentré d'histoire de la danse qui n'exclut aucun style. En 1974, il découvre la danse contemporaine à la Schola Cantorum de Paris, grâce à Karin Waehner qui est alors une des pionnières du développement, en France, de ce type de danse. Devant l'absence de structures qui caractérisait la France de l'époque, il part à New York étudier avec Merce Cunningham pour parfaire son cursus avant de regagner le territoire national et d'intégrer la compagnie de Quentin Rouillier, puis le Centre national de danse contemporaine d'Angers, alors dirigé par Viola Farber. En 1982, il entre dans la compagnie de Dominique Bagouet dont il sera l'enfant terrible : son instinct le pousse déjà vers la chorégraphie. Il fait un premier essai, avec Michel Kelemenis : Aventures coloniales. Présenté en juillet 1984 au festival de danse de Montpellier, Montpellier Danse, le duo sera repris la même année à Paris pour l'ouverture du Théâtre contemporain de la danse. Dans la foulée, il crée Marché noir pour le Concours de Bagnolet, obtient le prix du ministère de la Culture, fonde sa propre compagnie qu'il installe à Champigny-sur-Marne. L'aventure ne fait que commencer.
Sa carrière débute de façon fulgurante. En 1986, il crée À nos héros et devient lauréat de l'A.D.I.A.M. (Association départementale d'information et d'action musicales et chorégraphiques) Île-de-France. En 1987, il reçoit le prix de la Villa Médicis Hors les murs, part au Japon étudier le nō et chorégraphie une pièce majeure, Hallali Romée. L’année suivante il conçoit Liqueurs de chair, puis la Biennale du Val-de-Marne lui passe commande de Noces, sur la musique de Stravinski, une chorégraphie de référence qui fera le tour du monde. En 1989, sa compagnie devient Centre chorégraphique national de Champigny-sur-Marne et du Val-de-Marne ; il reçoit aussi le prix de la S.A.C.D. (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) pour son œuvre.
Au détour d'œuvres qui peaufineront peu à peu une gestuelle sophistiquée défiant toujours les lois de l'équilibre dans des corps à corps passionnés et des duos extatiques, le pays oublié resurgit, sorte d'esquille de mémoire fichée dans un escarpement du temps. Ainsi Enki Bilal, choisi pour collaborer à un Roméo et Juliette (1990) très orwellien pour le Lyon Opéra Ballet, lui rappelle des villes traversées enfant dans la Yougoslavie d'alors, où le délabrement s'érige en chef-d'œuvre tandis que le béton ronge d'anciennes splendeurs byzantines. On pourrait citer d'autres pièces, mais cela ne suffirait pas à définir le chorégraphe au regard amusé qui semble toujours avoir en réserve un « coup » d'avance, comme aux échecs auxquels il s'adonne pour se détendre.
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Écrit par
- Agnès IZRINE : écrivaine, journaliste dans le domaine de la danse
Classification
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