JEAN XXIII, ANGELO RONCALLI (1881-1963) pape (1958-1963)
Service diplomatique du Vatican
Pie XI se souviendra par la suite du don du prêtre de Bergame pour les affaires personnelles et le fera rentrer au service diplomatique du Vatican. Roncalli est ainsi nommé visiteur apostolique en Bulgarie en mars 1925. Conformément à la tradition, il est fait archevêque avant de quitter Rome. Il passe les dix années suivantes à ce poste obscur et délicat, où il est censé protéger les intérêts d'une petite communauté catholique dans un pays à forte majorité orthodoxe. Souvent seul et découragé, comme le révèle son journal, il mène néanmoins sa mission avec tact, patience et un sens de l'humour remarquable. Il n'est cependant pas considéré comme l'un des représentants du Saint-Siège les plus compétents.
La mission suivante de Roncalli semble aussi peu prometteuse. Il est en effet nommé délégué de Rome pour la Grèce et chef de la mission diplomatique du Vatican en Turquie. Il est ainsi une fois encore appelé à représenter des minorités catholiques impuissantes dans une nation orthodoxe et un pays musulman. Il s'installe à Istanbul, où il est généralement ignoré tant par le gouvernement turc que par le Vatican mais est très apprécié dans la colonie diplomatique pour son hospitalité et son affabilité.
Aucun de ces postes n'est observé de près au Vatican, qui se concentre sur l'Occident. Aussi l'archevêque a-t-il de bonnes raisons de croire que sa carrière est dans une impasse. Il confessera par la suite sa stupeur, et pensera dans un premier temps à une erreur, lorsqu'il apprendra, fin 1944, qu'il est nommé nonce à Paris, alors que la France vient d'être libérée par les forces du général de Gaulle.
Ce poste s'avère alors particulièrement délicat. Le prédécesseur de Roncalli, Mgr Valerio Valeri, proche de Pétain pendant l'occupation, est en effet devenu persona non grata en France. De Gaulle demande au Vatican de le remplacer immédiatement car la population cultive encore un esprit de vengeance contre les anciens collaborateurs. Le nouveau nonce devra gérer la mauvaise image donnée par son prédécesseur et par les évêques qui ont coopéré avec le gouvernement de Vichy. Quelqu'un au Vatican se souvient alors de l'archevêque avenant qui se languit au Moyen-Orient. Bien que ce dernier n'ait pas encore prouvé son sens de la diplomatie, on décide qu'il présente peut-être les compétences nécessaires dans de telles circonstances. Roncalli est prévenu qu'il devra apaiser les esprits, rétablir l'indépendance de l'Église et obtenir la libération d'un certain nombre de séminaristes allemands détenus comme prisonniers de guerre. Il doit par ailleurs faire face au radicalisme des jeunes ecclésiastiques français, qui perturbent fortement les forces conservatrices de la Curie.
L'archevêque Roncalli mène à bien sa mission. Reconnaissant de ce succès, le pape Pie XII le nomme cardinal. En janvier 1953, le président Vincent Auriol remet à Roncalli le chapeau rouge de cardinal.
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Écrit par
- John COGLEY
: responsable éditorial pour les religions au
New York Times
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