JEAN XXIII, ANGELO RONCALLI (1881-1963) pape (1958-1963)
Le pontificat
En tant que cardinal, Roncalli devient immédiatement éligible à l'un des grands archevêchés italiens. Nommé patriarche de Venise à l'âge de soixante et onze ans, il pense une fois encore avoir atteint le sommet de sa carrière. Mais à la mort de Pie XII le 9 octobre 1958, il est élu pape, à l'étonnement de tous, au douzième tour de scrutin. En raison de son âge avancé, il représente manifestement un compromis acceptable pour toutes les parties.
Un souverain pontife plus jeune aurait cependant peut-être été moins audacieux et innovant que Jean XXIII ne se révèlera finalement. Peu après son élection, il annonce la convocation d'un concile œcuménique, le dernier en date (Vatican I) remontant à près d'un siècle. Il déclare que l'idée lui est venue subitement. Son objectif est d'aboutir à une modernisation de l'Église et d'œuvrer pour son renouveau spirituel. Il est le premier pape depuis la Réforme à reconnaître franchement que le catholicisme a besoin d'un souffle nouveau.
Les historiens de l'Église savent depuis longtemps que les conciles sont suivis de périodes de contestation et de troubles dans l'Église. Aussi la décision du pape est-elle reçue froidement par la Curie conservatrice. Convaincue que l'Église a prospéré sous la papauté de Pie XII, cette dernière ne voit aucune raison pour accepter les changements que propose Jean XXIII. Certains cardinaux font même tout ce qui est en leur pouvoir pour retarder le concile jusqu'à ce que le vieil homme meure et que le sujet soit discrètement abandonné. Mais le pape soutient son projet et vit assez longtemps pour présider la première séance du deuxième concile du Vatican à l'automne de 1962.
Conformément à son souhait, les Pères promettent d'être toujours dans une démarche positive. Aucune condamnation ni aucun anathème ne doit être prononcé, les conflits politiques doivent être ignorés et l'Église doit surtout reconnaître qu'elle n'est pas à la tête mais au service de l'humanité. Le pape rappelle que ce concile se veut un concile pastoral. Aucun nouveau dogme ne sera prononcé, même si les anciennes doctrines et règles sont réexaminées. Jean XXIII est en quête d'une « nouvelle Pentecôte », une nouvelle descente de l'Esprit-Saint.
Le concile, selon le projet de Jean XXIII, doit constituer un nouveau départ pour former une unité chrétienne en mettant de côté les hostilités du passé et en reconnaissant la part de responsabilité des catholiques dans la division scandaleuse de la chrétienté. Fort de sa longue expérience au côté des Églises orthodoxes d'Orient, Jean XXIII s'intéresse naturellement à l' œcuménisme chrétien, mais personne à Rome n'est prêt à une telle ouverture. Il reçoit les autorités religieuses des Églises orthodoxes d'Orient, anglicanes et protestantes d'une façon extrêmement cordiale et s'assure qu'ils enverront des observateurs au concile. Il fait effacer de la liturgie catholique officielle certaines paroles offensantes envers les juifs. Il ira même jusqu'à se présenter à un groupe de visiteurs juifs par des paroles bibliques, « je suis Joseph votre frère », en référence au passage de la Genèse où le fils de Jacob retrouve ses frères en Égypte.
Jean XXIII voyage librement autour de Rome, rompant avec la tradition qui veut que le pape, privé de ses anciens pouvoirs temporels, soit « prisonnier du Vatican ». Désireux de dépolitiser l'Église, il minimise son rôle de souverain du Vatican et accentue celui de « serviteur des serviteurs de Dieu », titre traditionnel du pape. Dans cet effort, il contacte le président italien et reçoit cordialement le beau-fils du chef de l'Union soviétique, Nikita Khrouchtchev, lors d'une audience privée. Il reçoit également la visite de l'archevêque[...]
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Écrit par
- John COGLEY
: responsable éditorial pour les religions au
New York Times
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