- 1. La Renaissance : vitalité, fantaisie et élégance (1530-1625)
- 2. Inigo Jones et sir Christopher Wren : l'affirmation d'un style national sous les Stuart (1603-1714)
- 3. Brièveté et originalité de la phase baroque
- 4. La suprématie palladienne (1710-1760)
- 5. Néo-classicisme et mouvement pittoresque : le syncrétisme comme langage (1750-1820)
- 6. Renaissance hellénique et néo-gothique : les « revivals » victoriens
- 7. Bibliographie
ANGLAIS (ART ET CULTURE) Architecture
L'architecture anglaise reste étrangement méconnue en France. Or le développement de cet art au cours des quatre siècles qui vont de la Renaissance à l'orée des temps contemporains, de l'avènement d'Élisabeth à la mort de Victoria, prouve qu'à côté de l'Italie et de la France l'Angleterre fut une des terres les plus fécondes en grands praticiens et en monuments de premier plan. Il reste que l'extrême originalité des formes et des partis qu'elle mit en œuvre, alliée à de nombreux traits historiques spécifiques, peuvent en partie expliquer cette attitude, sorte de contournement d'un monde dont on ignorerait les clefs de lecture. Pourtant, de nombreux historiens britanniques ont depuis longtemps entrepris de brosser le tableau érudit et animé de leur paysage architectural ; il suffit de citer N. Pevsner, H. R. Hitchcock, J. Summerson et, plus récemment, le groupe de chercheurs réunis autour du Royal Institute of British Architects et de ses riches collections graphiques. Mais leur démarche, prise à l'intérieur d'une culture qui leur est familière, ne met pas toujours en perspective une production singulière, parfois paradoxale et qui, par exemple, échappe en partie à l'analyse stylistique traditionnelle plus ou moins valide pour les autres pays d'Europe. Très réceptive à certaines influences venues du continent, passionnée de culture classique et méditerranéenne, l'Angleterre a pu aussi manifester d'étranges résistances à d'autres mouvements de l'histoire du goût. Curieux phénomène que ce palladianisme, qui se confond presque avec la révélation du système classique des ordres, et qui devait à travers toute une lignée d'architectes devenir un des traits dominants de l'imaginaire anglais. Tout comme cette permanence du riche substrat gothique qui ne cessera à aucun moment d'inspirer les architectes jusqu'au revival du xixe siècle. Le terme même de revival dépasse d'ailleurs largement la signification de notre terne préfixe « néo- » par tout ce qu'il sous-entend de « retour à la vie », de « remise en vigueur » d'un système morphologique pris dans son intégrité. Étonnant encore ce court et éblouissant interlude baroque, resté sans équivalent. Or l'historiographie a préféré une périodisation correspondant aux règnes et aux dynasties : styles Tudor, élisabéthain, jacobéen ou encore victorien. Simple commodité lexicale qui ne correspond aucunement à une quelconque mainmise du pouvoir royal, tout au plus s'agit-il de quelques apports extérieurs rappelant les liens originels entre les nouveaux souverains et les Pays-Bas ou les principautés allemandes. En effet, jamais en Angleterre la production architecturale ne fut soumise à un encadrement institutionnel et centralisateur, comme ce fut le cas pour la France. Aucune structure académique, aucun enseignement officiel ne sont venus corseter la profession, qui ne se dotera d'une véritable organisation que dans la seconde moitié du xixe siècle. Seul le Royal Office of Works organise, gère et distribue la commande publique. Cette absence de doctrine officielle, que l'on songe au rôle de François Blondel ou encore à la toute puissante École des beaux-arts pour le domaine français, laisse le champ libre aux initiatives privées, au foisonnement des pratiques et favorise par là même une grande diversité d'options formelles et esthétiques auxquelles viennent s'identifier certaines sensibilités politiques, voire certains courants idéologiques. D'autres constantes géographiques, culturelles, sociales ou économiques achèvent de conférer à l'architecture anglaise des caractères fortement originaux. Ainsi en est-il du dialogue permanent qu'entretiennent l'architecture et la nature. Que l'on songe à ce type essentiel dans son extrême diversité : la [...]
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Écrit par
- Monique MOSSER : ingénieur au C.N.R.S., enseignante à l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles
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