- 1. La Renaissance : vitalité, fantaisie et élégance (1530-1625)
- 2. Inigo Jones et sir Christopher Wren : l'affirmation d'un style national sous les Stuart (1603-1714)
- 3. Brièveté et originalité de la phase baroque
- 4. La suprématie palladienne (1710-1760)
- 5. Néo-classicisme et mouvement pittoresque : le syncrétisme comme langage (1750-1820)
- 6. Renaissance hellénique et néo-gothique : les « revivals » victoriens
- 7. Bibliographie
ANGLAIS (ART ET CULTURE) Architecture
Inigo Jones et sir Christopher Wren : l'affirmation d'un style national sous les Stuart (1603-1714)
C'est au cours d'une période qui verra le règne des Stuart interrompu par deux révolutions et par la République de Cromwell que va se définir un nouveau style architectural, profondément marqué par le classicisme. Si l'Angleterre connaissait depuis longtemps la grammaire classique de l'architecture, grâce en particulier au livre de John Shute, The First and Chief Grounds of Architecture, paraphrase associant Vitruve, Alberti et Serlio (1563), elle était restée relativement à l'écart du grand courant de la Renaissance internationale. Il revint à Inigo Jones (1573-1652), premier architecte anglais au sens moderne du terme, de révéler à son pays toute la richesse et la subtilité d'un langage véritablement neuf pour elle. Jones, qui fut d'abord peintre, mais surtout l'ordonnateur de somptueuses fêtes à la cour, fit deux voyages en Italie. Lors du second (1613), il put étudier longuement les œuvres de Palladio dont il rencontra le disciple Scamozzi. Lorsqu'il reçut la charge de surintendant des Bâtiments royaux, il sut imposer un style à la fois sobre et savant qui apparaît d'emblée à Queen's House à Greenwich (1616), où il adapte pour la première fois le modèle palladien de la villa à l'usage britannique : dépouillement et clarté des volumes extérieurs, richesse de l'ornementation intérieure. Le Banqueting Hall de Whitehall emprunte ses effets plastiques aux façades des palais vicentins. À Covent Garden (1631-1638), où il entoure une place de grandes demeures dignes et dépouillées construites au-dessus d'un rez-de-chaussée à arcades, Jones conçoit le premier square londonien bâti sur plan ordonnancé. Mais le palladianisme de Jones était trop exclusivement lié à une monarchie isolée de la nation pour connaître une réelle diffusion, en dehors du cercle restreint de la Cour. Son disciple John Webb sera le seul architecte à reprendre la leçon palladienne.
Il faut noter qu'à côté de l'architecture officielle, prompte à assimiler les modèles italiens, l'architecture civile, au service d'une bourgeoisie dont la fortune repose sur la réussite commerciale, reste pour longtemps influencée par les modèles hollandais (dominante de la brique, maisons à pignon). Le paradoxe de la carrière de Christopher Wren (1632-1723) est que ce savant de la Royal Society, féru de mathématiques et de physique, professeur d'astronomie, n'ait reçu aucune formation en matière d'architecture. Or il incarne la figure moderne de l'architecte-démiurge, à la fois inspecteur des travaux, dessinateur, ingénieur, homme d'affaires et coordinateur d'une armée d'ouvriers. Après le grand incendie de septembre 1666 au cours duquel Londres fut presque totalement détruit, le roi Charles II nomma une commission d'experts dont Wren faisait partie. Trois ans plus tard, il reçut la charge de surintendant général qu'il conserva près de quarante ans. Il ne quitta l'Angleterre qu'une seule fois pour se rendre à Paris où il visita les églises qui s'y élevaient alors (la Sorbonne, le Val-de-Grâce), et put voir les modèles de Bernin pour le Louvre. Wren s'intéressa à l'urbanisme londonien, proposant de remodeler entièrement la structure de la ville à partir d'un plan associant un quadrillage régulateur et une série de places rayonnantes, solution trop moderne qui se heurta à la résistance des habitants et aux problèmes posés par la propriété foncière. Son intervention reste cependant capitale dans le paysage londonien puisqu'on lui doit la construction de la cathédrale St. Paul et de plus de cinquante églises. À St. Lawrence Jewry, St. Mary the Bow, St. Clement Dane, Wren se livre à un véritable travail de laboratoire, épuisant toute la variété des plans[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Monique MOSSER : ingénieur au C.N.R.S., enseignante à l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles
Classification
Médias