- 1. La Renaissance : vitalité, fantaisie et élégance (1530-1625)
- 2. Inigo Jones et sir Christopher Wren : l'affirmation d'un style national sous les Stuart (1603-1714)
- 3. Brièveté et originalité de la phase baroque
- 4. La suprématie palladienne (1710-1760)
- 5. Néo-classicisme et mouvement pittoresque : le syncrétisme comme langage (1750-1820)
- 6. Renaissance hellénique et néo-gothique : les « revivals » victoriens
- 7. Bibliographie
ANGLAIS (ART ET CULTURE) Architecture
La suprématie palladienne (1710-1760)
Le palladianisme est un mouvement original et complexe qui résulte de la conjonction d'un moment très particulier de l'histoire politique anglaise et d'un style dûment revendiqué et orchestré par un groupe de nobles grands propriétaires et d'architectes, et qui s'applique à un type déterminé de bâtiments : la country house. La dynastie hanovrienne amène un certain équilibre politique qui va de pair avec une forte expansion économique. Le pays est alors dominé par une aristocratie qui fonde sa puissance surtout sur les nouvelles formes de richesse (commerce, industrie) ou sur des charges lucratives, et qui proclame cette puissance par la construction de grandes habitations nobles rurales, centres administratifs de vastes propriétés foncières, mais surtout supports éclatants du prestige d'une « famille ». C'est un classicisme d'inspiration antique, deux fois régénéré par Andrea Palladio et Inigo Jones, qui devait prêter son vocabulaire à la fois sobre, harmonieux et précis à cette entreprise. Le rôle des documents (dessins originaux de Palladio rassemblés par Jones et Burlington) et des livres gravés (J. Leoni donne en 1716 la première édition anglaise des Quattro Libri), est déterminant dans la diffusion de ce style dont la véritable bible fut le Vitruvius Britannicus, publié à partir de 1715 par l'architecte écossais Colen Campbell (mort en 1729). À Wanstead (1715, détruit), en assemblant des éléments divers pris dans les villas et les palais palladiens, il établit une sorte de prototype : corps de logis central précédé d'un péristyle et flanqué de longues ailes sans aucun rythme secondaire ; dans d'autres cas les ailes pourront être reliées au centre par des galeries basses, comme il le fit à Houghton Hall, la demeure du ministre R. Walpole. À Mereworth Castle, il démarque beaucoup plus nettement son modèle : la Rotonda (villa édifiée par Palladio dans les environs de Vicence) dont il reproduit la symétrie parfaite, les quatre pronaos et la coupole. Les deux autres protagonistes essentiels de la première génération palladienne sont Richard Boyle, comte de Burlington (1694-1753), type achevé du grand seigneur « amateur » et William Kent (1685-1748) qui lui fut associé dans de nombreuses réalisations. Pour sa propre maison des environs de Londres, qu'il conçut comme un « musée » personnel, une académie privée, à Chiswick (1720-1725), Burlington s'inspira de motifs puisés dans les dessins de Palladio d'après les thèmes antiques qu'il avait acquis en Italie lors de son « grand tour ». Pour Chiswick, Kent dessina l'un des premiers jardins irréguliers, où le « retour à la nature sauvage » s'associe à des souvenirs de la campagne italienne. À l'Assembly Room de York, Burlington donne une interprétation très archéologique de la « salle égyptienne » de Vitruve, revue par Palladio. À Holkham Hall (1734), chef-d'œuvre de Kent et de Burlington, on note l'apparition d'un palladianisme « analytique » qui se manifeste dans la juxtaposition des masses (quatre pavillons sont reliés au corps central par d'étroits passages), dans la différenciation du traitement des façades tandis qu'un somptueux décor confère aux intérieurs une grandeur toute « romaine ».
Dans la mouvance de ce style, il faut évoquer les dérivations urbanistiques du palladianisme. John Wood (1704-1754) et son fils créèrent à Bath, élégante ville d'eau fréquentée par la haute société, une série de brillantes variations monumentales où ils imposent l'uniformité palladienne, d'abord au square anglais (Queen Square, 1728), puis à des formes plus originales : hémicycles (Royal Crescent, 1765-1775) et rues sinueuses. En Irlande, sir Edward Lovet Pearce s'inspira du palladianisme[...]
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Écrit par
- Monique MOSSER : ingénieur au C.N.R.S., enseignante à l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles
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Médias