- 1. La Renaissance : vitalité, fantaisie et élégance (1530-1625)
- 2. Inigo Jones et sir Christopher Wren : l'affirmation d'un style national sous les Stuart (1603-1714)
- 3. Brièveté et originalité de la phase baroque
- 4. La suprématie palladienne (1710-1760)
- 5. Néo-classicisme et mouvement pittoresque : le syncrétisme comme langage (1750-1820)
- 6. Renaissance hellénique et néo-gothique : les « revivals » victoriens
- 7. Bibliographie
ANGLAIS (ART ET CULTURE) Architecture
Néo-classicisme et mouvement pittoresque : le syncrétisme comme langage (1750-1820)
On considère parfois que le palladianisme fait partie intégrante du néo-classicisme et bien des traits palladiens se retrouveront dans des œuvres de la fin du xviiie siècle ou même du xixe. Mais on a vu que l'éclairage historico-politique permettait de le circonscrire assez nettement. Le milieu du xviiie siècle voit se concrétiser en Angleterre un phénomène qui ira en s'accentuant pendant toute la période georgienne (George Ier, 1714-1727, George II, 1727-1760, George III, 1760-1820), phénomène que l'on peut analyser comme une sorte de syncrétisme expressif que l'on a un peu vite confondu avec l' éclectisme. Cette tendance se caractérise par un foisonnement de courants formels et stylistiques qui reflète bien le cosmopolitisme culturel et la « curiosité » des Lumières ; elle révèle en même temps l'extraordinaire « disponibilité » dont font preuve alors les architectes anglais. Ainsi voisinent le classicisme d'inspiration antique, le renouveau gothique, l'irrégularité pittoresque, l'exotisme et le vernaculaire. Cet état de fait empêche toute classification hâtive, toute réduction didactique. Ainsi voit-on Robert Adam passer de la célébration d'une antiquité aimable au médiévalisme le plus fervent, ou Nash jongler de façon ébouriffante avec tous les registres. Parfois, un même monument fait l'objet de plusieurs variantes, l'architecte s'employant à habiller une structure identique de langages différents. N. Pevsner range cette diversité, parfois déconcertante, sous la bannière du romantisme, arguant de ce goût de l'émotion, de cette volonté d'imagination qui lui semblent être les symptômes d'un antagonisme au présent et au passé immédiat. Or bien des composantes néo-classiques, qu'il s'agisse du mouvement pittoresque, de la quête d'une rationalité architecturale, de la mise au point de formules urbanistiques modernes ou même d'une certaine dimension utopique, prouvent que le recours à des vocabulaires historiques n'entraîne pas forcément une attitude nostalgique mais, au contraire, peut être générateur de formules nouvelles.
En Angleterre, comme dans le reste de l'Europe, le néo-classicisme se fonde sur deux grandes composantes. L'une, archéologique, découle de la révélation par le biais des fouilles antiques, des voyages et des recueils gravés, de tout un monde architectural qui n'était connu jusqu'alors qu'au travers du prisme interprétatif des théoriciens de la Renaissance. La seconde, philosophique, inspirée par les écrits de certains auteurs comme le Français Laugier, cherche à établir les fondements rationnels de l'architecture. Les deux principaux protagonistes du néo-classicisme anglais sont Robert Adam et William Chambers. Robert Adam (1728-1792), qui connut Piranèse à Rome et se livra lui-même à des fouilles archéologiques jusqu'à Spalato en Dalmatie, prône un strict retour à l'antique, qu'il met en œuvre, par exemple, à Kedleston Hall (1761) en dressant en avant de la façade latérale la réplique d'un arc de triomphe romain. Constructeur prolixe, il multiplia dans la campagne anglaise d'élégantes country houses qu'il dota de décors, très vivement colorés et inspirés de modèles étrusques et pompéiens ; ils lui valurent de parrainer un style. L'Adelphi, groupe de maisons élevé sur une grande terrasse à Londres (1768-1772), de même que de nombreux ensembles à Édimbourg, révèlent chez Robert Adam, secondé par ses trois frères, John, James et William, un génie original d'urbaniste. William Chambers (1723-1796), intime du roi George III, théoricien et membre fondateur de la Royal Academy (1768), reçut une formation très complète. Il voyagea en Inde[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Monique MOSSER : ingénieur au C.N.R.S., enseignante à l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles
Classification
Médias