Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ANGLAIS (ART ET CULTURE) Cinéma

Une floraison de genres

Sans être aussi marquée que dans le cinéma américain, la division du cinéma britannique en genres précis s'est vite imposée.

Si les Anglais sont connus pour leur sens de l'humour « à froid », la comédie britannique offre une belle variété de sous-genres. Les artistes burlesques venus de la scène, au temps du muet, firent carrière outre-Atlantique (Charles Chaplin, Stan Laurel), mais l'arrivée du parlant sollicita d'autres interprètes comiques qui avaient fait leurs preuves sur les planches : George Formby, Will Hay, Cicely Courtneidge, Gracie Fields... ; il en résulta des comédies à petits moyens, souvent agrémentées de chansons, où la réalisation n'avait d'autre ambition que de capter le savoir-faire de ces acteurs. Bien que considérés comme « inexportables », les meilleurs de ces films possèdent un charme durable, un rythme vif (Oh Mr. Porter, 1937, avec Will Hay), et portent un témoignage rare sur leur époque, notamment en ce qui concerne les classes populaires (Sing as We Go, 1934, avec Gracie Fields).

Mais ce sont les années 1945-1955 qui vont rendre la comédie dite « à l'anglaise » célèbre dans le monde entier, essentiellement à travers les productions de la compagnie Ealing, dirigée par Michael Balcon. L'humour noir, la satire sociale et un parfum de folie se combinent dans une collection de films désopilants réalisés par Charles Crichton (À cor et à cri, 1947), Alexander Mackendrick (Whisky à gogo, 1948 ; L'Homme au complet blanc, 1951), Robert Hamer (Noblesse oblige, 1949) ou Henry Cornelius (Passeport pour Pimlico, 1949). Le public anglais se régale tout autant de comédies plus triviales, concoctées en série, sur les pensionnaires délurées d'un collège (The Belles of Saint Trinian, de Frank Launder, 1954) ou sur un jeune docteur qui a le sémillant physique de Dirk Bogarde (Toubib or not Toubib/Doctor in the House, de Ralph Thomas, 1954). Par la suite, certains ont vu dans la vogue de comédies « sociales » des années 1990, adaptées à l'actualité contemporaine, la résurgence de la tradition Ealing (Les Virtuoses, de Mark Herman, 1996). Un ton gentiment satirique se retrouve ainsi dans des divertissements comme Quatre Mariages et un enterrement (1994), de Mike Newell, ou L'Anglais qui gravit une colline et descendit une montagne (1995), de Christopher Monger. La comédie se teinte de violence « branchée » dans Arnaques, crimes et botanique (1998), de Guy Ritchie ; dans une veine comparable, le réalisateur Danny Boyle s'est fait connaître par sa verve iconoclaste, à travers des scénarios de l'Écossais John Hodge (Petits Meutres entre amis, 1994 ; Trainspotting, 1996).

Autre genre prisé par le cinéma britannique, le film criminel, qui a révélé, dès les années 1920, le talent de Hitchcock, alors considéré comme le meilleur cinéaste de son pays jusqu'à son départ pour Hollywood, en 1940. Les deux décennies suivantes vont voir se déployer le talent de Carol Reed, qui n'a pas son pareil pour mêler à ses intrigues criminelles les angoisses collectives de son époque : poursuite sur fond de nazisme dans Train de nuit pour Munich (1940), hold-up et question irlandaise dans Huit Heures de sursis (1947), thriller et guerre froide dans Le Troisième Homme (1949). Il faut également retenir les noms de deux cinéastes de la Ealing, compagnie excellant autant dans le polar social que dans la comédie : Robert Hamer (Il pleut toujours le dimanche, 1947) et le Brésilien exilé Alberto Cavalcanti (Je suis un fugitif, 1947), tous deux réunis dans un sensationnel thriller à sketches qui est en outre un chef-d'œuvre du film fantastique : Au cœur de la nuit (1945, également coréalisé par Charles Crichton et Basil Dearden).

<it>Les Grandes Espérances</it>, de David Lean - crédits : Universal International Pictures/ Collection privée

Les Grandes Espérances, de David Lean

L'adaptation littéraire prestigieuse constitue presque un genre britannique en soi ; c'est dans[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : membre du comité de rédaction de la revue Positif, critique et producteur de films

Classification

Médias

<it>Les Grandes Espérances</it>, de David Lean - crédits : Universal International Pictures/ Collection privée

Les Grandes Espérances, de David Lean

Christopher Lee - crédits : EB/ 1958 Hammer Film Productions

Christopher Lee

Le studio Aardman au musée Art ludique, Paris - crédits : Exposition Aardman/ Art ludique-Le Musée

Le studio Aardman au musée Art ludique, Paris