- 1. Chaucer et le Moyen Âge
- 2. Renaissance et floraison élisabéthaine
- 3. Des poètes métaphysiques à la satire
- 4. Des aventures de Gulliver au roman noir
- 5. Retour à la poésie
- 6. L'époque victorienne
- 7. Tournants du XXe siècle
- 8. Le roman contemporain
- 9. La poésie contemporaine
- 10. Le théâtre contemporain
- 11. Littérature pour enfants
- 12. Bibliographie
ANGLAIS (ART ET CULTURE) Littérature
L'époque victorienne
Installation de la bourgeoisie
Un groupe d'« excentriques » reflète le climat bourgeois (Biedermeier) de l'époque victorienne naissante. Charles Lamb (1775-1834), le créateur de l'essai romantique pénétré de lyrisme en sourdine (« Blakesmoor in H...shire », « Dream Children », « Old China », dans le volume Essays of Elia) et d'humour (« Mrs. Battle's Opinions on Whist », « Dissertation upon Roast Pig », dans le même volume), fut aussi des premiers à réapprécier et à commenter les dramaturges élisabéthains. Thomas De Quincey (1785-1859) chercha une évasion à ses obsessions morbides dans l'humour (De l'assassinat considéré comme un des beaux arts [Murder Considered as One of the Fine Arts, 1827]) et dans l'opium un stimulant à ses rêves autant qu'un remède à ses peines (Les Confessions d'un mangeur d'opium[Confessions of an English Opium-Eater, 1821], qui trouvèrent en France un grand écho). Il continua également la tradition de la prose d'art, dans Levana and Our Ladies of Sorrow ; Thomas Love Peacock (1785-1866) parodia certains aspects extérieurs du romantisme dans L'Abbaye de cauchemar (Nightmare Abbey) et inventa un nouveau genre de roman, le roman-conversation (novel of talk), apte à rendre le climat intellectuel d'une époque, un genre qu'Aldous Huxley renouvela au début du xxe siècle. William Hazlitt (1778-1830) n'a pas le pouvoir de suggestion propre aux romantiques ; sa lucidité n'éclaire souvent que des lieux communs : il est pourtant un critique de grand bon sens et un observateur plein de vigueur (The Fight, 1822). Cette période vit naître un grand nombre de magazines littéraires.
Le premier Reform Act de 1832, l'abrogation des Corn Laws en 1846, et l'Exposition de Londres en 1851 sont les dates principales de la prise de pouvoir de la bourgeoisie victorienne. L'intérêt économique est le ressort de l'époque, mais, quoique la compétition la plus acharnée et l'exploitation inhumaine du travail soient les bases de la prospérité industrielle, l'utilitarisme n'est pas franchement proclamé ; le succès de la théorie de l'évolution et du positivisme évite d'en tirer les conclusions extrêmes, et le mot d'ordre est l'optimisme.
Le compromis victorien
Le type le plus représentatif de ce « compromis victorien » est Thomas Babington Macaulay (1800-1859), mais il y eut plusieurs réactions d'un caractère idéaliste contre le rationalisme prédominant et l'illusion d'un équilibre enfin établi. Notamment Thomas Carlyle (1795-1881), qui, entre autres œuvres plus connues, critiqua l'organisation sociale moderne dans Past and Present (1843). Enthousiaste de la littérature allemande, Carlyle en continua la divulgation commencée par Coleridge ; John Ruskin (1819-1900) combattit la menace de laideur issue de la civilisation industrielle (Unto this Last, 1860) et les conventions révolues de l'art académique (Modern Painters, 1843-1860).
Le mouvement d'Oxford et son représentant majeur, John Henry Newman (1801-1890), réagirent contre la tentative de traiter la religion scientifiquement et se firent les promoteurs d'un retour à la tradition médiévale et au ritualisme. Matthew Arnold (1822-1888) attaqua le « philistinisme » de ses compatriotes et insista sur l'importance de la culture classique (Culture and Anarchy, 1869). Charles Dickens (1812-1870), tout en ne faisant partie d'aucun des courants radicaux de son temps, attira l'attention sur les problèmes de la misère ; c'est à lui que l'on doit les premières descriptions d'une grande et sinistre métropole moderne, mais il est aussi un délicieux peintre de genre à la façon hollandaise et un humoriste qui ne fatigue jamais ; il s'essaya même au roman à sensation ([...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Elisabeth ANGEL-PEREZ : agrégée, professeur de littérature anglaise (théâtre) à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Jacques DARRAS : écrivain, professeur de littérature anglo-américaine
- Jean GATTÉGNO : ancien élève de l'École supérieure, professeur de littérature anglaise à l'université de Paris-VIII, directeur à la Direction du livre et de la lecture
- Vanessa GUIGNERY : habilitée à diriger des recherches en études anglophones, professeure des Universités à l'École normale supérieure de Lyon
- Christine JORDIS : écrivain, critique littéraire
- Ann LECERCLE : maître assistant d'anglais, agrégée, docteur d'État, professeur à l'université de Paris-Nord
- Mario PRAZ : ancien professeur à l'université de Rome
Classification
Médias