- 1. Chaucer et le Moyen Âge
- 2. Renaissance et floraison élisabéthaine
- 3. Des poètes métaphysiques à la satire
- 4. Des aventures de Gulliver au roman noir
- 5. Retour à la poésie
- 6. L'époque victorienne
- 7. Tournants du XXe siècle
- 8. Le roman contemporain
- 9. La poésie contemporaine
- 10. Le théâtre contemporain
- 11. Littérature pour enfants
- 12. Bibliographie
ANGLAIS (ART ET CULTURE) Littérature
Le roman contemporain
La publication, en 1922, de Ulysses changea radicalement la conception du roman. Joyce avait révélé les possibilités illimitées offertes par le jeu avec et sur le langage. Dès les années 1930, cependant, les romanciers anglais réagissaient contre les innovations de leurs grands prédécesseurs, pour en revenir aux formes du roman traditionnel. Puis le mouvement d'oscillation se poursuivit, entre le modernisme, marqué par la recherche formelle, et une tradition à dominante réaliste. L'engagement politique fut suivi d'une forte désillusion. De nombreux écrivains se tournèrent alors vers un libéralisme teinté de conservatisme. L'esprit d'expérimentation et d'audace semblait s'être éteint pour de bon. On cultiva la nostalgie du passé, une valeur sûre. Les années 1950 virent un retour en force du réalisme, avec « les jeunes hommes en colère » (The Angry Young Men). Cependant, l'utilisation de cette tradition fut moins unanime qu'on voulut bien le dire et, au début des années 1960, époque où le roman comme la critique se livraient, en France, à de multiples expérimentations, les écrivains anglais se mirent à leur tour à questionner et subvertir l'héritage de leurs prédécesseurs réalistes aussi bien que modernistes. Le « postmodernisme » émergeait. Ce terme tente d'englober la variété et la complexité des écritures contemporaines ; par jeu, sa date de naissance a été fixée au 22 novembre 1963, jour de l'assassinat du président Kennedy : « Cette date marqua symboliquement la fin d'une certaine sorte d'optimisme et de naïveté dans notre conscience collective, la fin de certaines vérités et de certaines assurances qui avaient contribué à définir la notion de ce que la fiction devait être » (Larry McCaffrey).
Dès les années 1980, on assiste à l'émergence d'un roman planétaire qui vient d'Inde aussi bien que du Pakistan, du Nigeria comme des Caraïbes. Le début du xxie siècle a vu se confirmer ce phénomène que la spéculation des éditeurs sur l'intérêt des lecteurs pour une actualité en constant changement ne fait qu'accroître.
Retour au réel
En 1938, Cyril Connolly constatait, dans Enemies of Promise, le déclin des mandarins, ceux dont la prose savante prétendait rivaliser avec le vivant. Leur succédaient les vernacular, « tenants de la langue parlée, familière et brutale, et de la vision du monde qu'elle était propre à exprimer ». L'époque où « le voile trembla », où pouvait surgir un texte sacré, était tôt révolue de ce côté de la Manche. Dès 1919, Pound avait quitté l'Angleterre, où l'humeur n'était plus au cosmopolitisme ; Joyce avait d'emblée choisi l'exil : il ne troublait guère les esprits ; Virginia Woolf avait sombré dans l'oubli bien avant ce jour d'été de 1941 où elle se laissa glisser dans la fluidité glauque de l'eau.
Après les audaces des tentatives formelles, c'était le retour à une tradition réaliste abondamment illustrée au xixe siècle. Dans les années 1930, plusieurs intellectuels, en rébellion contre les valeurs d'une classe sociale trop policée, découvraient la vitalité de la classe ouvrière et renonçaient aux obscurités d'une langue recherchée, pour rapprocher masses et cultures. En 1939, Stephen Spender publiait un pamphlet intitulé Nouveau Réalisme. Naissaient à la même période le Club du livre de gauche et le Mouvement d'observation de masse, qui rassemblait des milliers de témoignages sur la vie quotidienne du citoyen moyen. Il ne s'agissait plus de « s'éveiller du cauchemar de l'Histoire », mais bien d'agir sur l'Histoire, d'accéder à une conscience politique, comme en témoignent les préoccupations d'engagement et de solidarité dans les œuvres de George Orwell, Graham Greene, [...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Elisabeth ANGEL-PEREZ : agrégée, professeur de littérature anglaise (théâtre) à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Jacques DARRAS : écrivain, professeur de littérature anglo-américaine
- Jean GATTÉGNO : ancien élève de l'École supérieure, professeur de littérature anglaise à l'université de Paris-VIII, directeur à la Direction du livre et de la lecture
- Vanessa GUIGNERY : habilitée à diriger des recherches en études anglophones, professeure des Universités à l'École normale supérieure de Lyon
- Christine JORDIS : écrivain, critique littéraire
- Ann LECERCLE : maître assistant d'anglais, agrégée, docteur d'État, professeur à l'université de Paris-Nord
- Mario PRAZ : ancien professeur à l'université de Rome
Classification
Médias