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ANGLAIS (ART ET CULTURE) Musique

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La musique de la Renaissance

La musique et les musiciens sous les premiers Tudors

Il est bien difficile de tracer des limites rigoureuses entre le Moyen Âge finissant et le début de la Renaissance : à bien des égards, les xive et xve siècles se présentent comme une période de transition. Il semble toutefois qu'en Angleterre l'avènement des Tudors marque un tournant décisif dans la vie musicale. Henri VII (roi de 1485 à 1509) est en effet dans ce domaine le premier à donner à sa cour un prestige que son fils Henri VIII (roi de 1509 à 1547) va à son tour développer. Ce dernier, musicien consommé, établit un courant régulier d'échanges entre compositeurs et interprètes britanniques et continentaux, tandis qu'Élisabeth, dernière représentante de la dynastie, verra fleurir l'éblouissante production d'une génération d'artistes au prodigieux rayonnement.

Entre-temps, la Réforme imposée par Henri VIII et renforcée sous le règne de son fils Édouard VI (roi de 1547 à 1553) avait, par ses excès, causé bien des ravages dans les rangs des musiciens qui, pour la plupart, dépendaient pour leur existence même des abbayes et des monastères, détruits en 1539 : beaucoup d'entre eux disparurent alors, exécutés en raison de leur foi ou simplement rejetés à la rue. Un petit nombre en réchappa, parmi lesquels John Taverner (1490 env.-1545), Christopher Tye (1505 env.-avant mars 1573), Thomas Tallis (1505 env.-1585) : cette sombre période nous a malgré tout légué l'œuvre de quelques grands compositeurs. Le premier avait écrit l'essentiel de son œuvre avant que ne fût mise en place la Réforme, une œuvre qui résumait la musique de son temps et devait exercer une influence durable. Quant à Tye, c'est sans doute à sa qualité de précepteur du jeune prince, le futur Édouard VI, qu'il dut son salut et put échafauder une production parfois sévère mais d'une haute qualité. Son élève, gendre et successeur à la cathédrale d'Ely, Robert White (Whyte, 1538 env.-1574), dont l'œuvre propre lui doit beaucoup, manifeste dignement son rayonnement. Tallis, lui, s'impose à coup sûr comme la personnalité la plus forte de cette période ; son immense talent fécondera à son tour la dernière décennie du xvie siècle à travers son élève, ami et collaborateur William Byrd.

La période élisabéthaine et jacobéenne

Lorsque Élisabeth monte sur le trône en 1558, la relève des Taverner, Tye et Tallis n'est pas encore amorcée : de ceux qui leur succéderont, seul Byrd, encore adolescent, a déjà conscience de sa vocation.

Deux facteurs importants, d'ordre sociologique et culturel, vont marquer la vie et la production musicales de cette ère : d'une part, l'apparition d'une classe nouvelle de citadins et de bourgeois enrichis dans le négoce et les affaires, et qui, rivalisant de munificence avec l'aristocratie, vont organiser régulièrement des réunions musicales de qualité ; d'autre part, favorisé par le développement de la pratique musicale dans toutes les couches de la société, le renversement des rapports entre musique sacrée et musique profane au bénéfice de cette dernière.

La musique sacrée ne fait pas pour autant figure de parent pauvre. Même en se limitant aux œuvres propres de la génération nouvelle – sans cependant oublier la contribution toujours active des grands aînés –, il est facile de trouver chez ses représentants une production sacrée abondante et qui parfois atteint aux plus hauts sommets.

William Byrd (1540 env.-1623) est le premier à servir aussi bien le culte anglican que la liturgie romaine, mais c'est dans ce dernier domaine qu'avec ses trois messes (composées entre 1592 et 1595), respectivement écrites à trois, quatre et cinq voix, il donne la pleine mesure d'un génie inspiré par sa foi catholique, à travers la perfection de[...]

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur à l'université de Rouen, musicologue, chef d'orchestre
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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<it>Henry Purcell</it>, J. Closterman - crédits : Courtesy of The National Portrait Gallery, London

Henry Purcell, J. Closterman

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