ANGLAIS (ART ET CULTURE) Musique
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L'art classique
Transitions
Comparée à cette ère exceptionnelle de la musique anglaise qui couvre les règnes d'Élisabeth et de Jacques Ier, la période suivante apparaît comme une transition. Les soucis politiques de Charles Ier (roi de 1625 à 1649), le conflit permanent qui l'oppose au Parlement, puis la montée du puritanisme qui, sous le Commonwealth de Cromwell (1649-1660), aboutit à la fermeture des théâtres et au saccage des églises, sont autant de facteurs peu propices à la vie musicale. Par ailleurs, après la disparition des grands noms de l'époque précédente, seuls quelques musiciens de moindre mérite se manifestent : Robert Ramsey ( ?-1644), John Jenkins (1592-1678), Walter Porter (entre 1587 et 1595-1659), les frères Henry et William Lawes (1596-1662 et 1602-1645), Christopher Simpson (Sympson, entre 1602 et 1606-1669), William Child (1606 ou 1607-1697), Matthew Locke (1622 env.-1677) et Christopher Gibbons (1615-1676), fils du grand Orlando.
Purcell et son temps
La Restauration de Charles II, en 1660, a pour effet un regain d'activité artistique à Londres. La Chapelle royale est reconstituée, la vie musicale renaît, stimulée par le modèle qu'avait trouvé le roi à la cour de Louis XIV pendant son exil ; grâce aussi à l'apparition de quelques talents authentiques et surtout d'un incontestable génie, celui de Purcell, la période qui s'ouvre apparaît comme une ère d'épanouissement pour la musique.
Les contemporains de Purcell forment déjà un groupe de compositeurs estimables, tout dominés qu'ils soient par la forte personnalité de John Blow (1649-1708), auteur d'une musique sacrée admirable et d'un masque, Venus and Adonis (vers 1683), plutôt opéra de chambre, qui prépare avec bonheur le Dido and Æneas de Purcell, son élève et ami.
Henry Purcell (1659 env.-1695) est de ces créateurs qui n'ont pas eu besoin d'une longue vie pour échafauder une œuvre exceptionnelle. À trente-six ans, âge où l'emporte la maladie, il s'était imposé dans presque tous les domaines : musique instrumentale (clavecin, orgue, cordes, instruments à vent), musique vocale sacrée (une soixantaine d'anthems, trois services, vingt-cinq hymnes, psaumes et canons), odes et welcomesongs, cantates profanes, nombreux airs à détacher de quelque quarante musiques de scène. D'ailleurs, son nom est avant tout lié au théâtre, pour sa contribution à l'opéra à part entière avec Dido and Æneas (1687 ?, 1689 ?), joyau de beauté musicale, et plus encore pour la part qu'il a prise dans la fondation d'un genre spécifiquement anglais, l'« opéra dramatique » ou semi-opera. Ici, le dialogue parlé alterne avec une succession d'airs, ensembles et autres intermèdes instrumentaux dont la fonction est soit d'exalter l'action, soit de présenter des épisodes conçus dans l'esprit du masque, et pouvant, comme dans The Fairy Queen, n'avoir rien de commun avec l'action. Outre The Fairy Queen (1692) et The Tempest (1695), tous deux adaptations de Shakespeare, deux autres semi-operas, The Prophetess, or The History of Dioclesian (1690) et Bonduca, or The British Heroine (1695), sont tirés de John Fletcher, et deux, King Arthur, or The British Worthy (1691) et The Indian Queen (1695), sont dus à la collaboration du musicien avec John Dryden. Considérée dans son ensemble, l'œuvre de Purcell constitue la contribution la plus prestigieuse qu'un musicien de souche anglaise ait pu offrir à son pays et l'un des ornements les plus précieux de la musique de tous les temps.
Haendel et l'Angleterre musicale au XVIIIe siècle
Quand le xviiie siècle s'ouvre sur le règne de la reine Anne (reine de 1702 à 1714), la société anglaise est en train de subir de profondes transformations. Les troubles politiques et les changements dynastiques qui, de l'accession[...]
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Écrit par
- Jacques MICHON : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur à l'université de Rouen, musicologue, chef d'orchestre
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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