- 1. La floraison de l'enluminure médiévale
- 2. Le XVIe siècle et la naissance du portrait
- 3. Le siècle des Stuarts et l'art de cour
- 4. L'ère des « connaisseurs » (1714-1830)
- 5. Du réalisme académique au colorisme préraphaélite (1830-1914)
- 6. Le XXe siècle : tradition et innovation
- 7. Tendances récentes de l'historiographie
- 8. Bibliographie
ANGLAIS (ART ET CULTURE) Peinture
Le XVIe siècle et la naissance du portrait
Marqué par les longs règnes d'Henri VIII et d'Élisabeth Ire, le xvie siècle voit à la fois la création de l'Église réformée anglicane et le renforcement du pouvoir royal. Cette évolution religieuse et politique du pays a des effets néfastes sur l'art anglais, car elle entraîne l'abandon de l'iconographie religieuse et décourage les échanges avec l'Italie de la Renaissance. La seule forme de peinture qui soit vraiment recherchée, aussi bien à la cour que dans la noblesse, est le portrait qui va devenir pendant deux siècles la préoccupation principale des artistes travaillant en Grande-Bretagne. Les séjours outre-Manche de Hans Holbein, de 1526 à 1528, puis de 1532 à sa mort en 1543, placent d'emblée cet art à des sommets : ses portraits de Thomas More (1527, collection Frick, New York), de Jane Seymour (1536, Kunsthistorisches Museum, Vienne) et d'Henri VIII (1537, collection Thyssen-Bornemisza, Lugano) montrent une exigence de réalisme pictural, d'expressivité psychologique et un souci de composition jusqu'alors inconnus dans le pays. Les autres portraitistes employés après sa mort par les souverains et par l'aristocratie ne peuvent que pâlir de la comparaison, même si la qualité moyenne de leurs œuvres est d'un haut niveau. La plupart sont d'origine étrangère, comme William Scrots, Gerlach Flicke et Hans Eworth. Ils définissent un type de portrait caractéristique de l'époque élisabéthaine présentant le modèle debout, le corps visible seulement jusqu'aux genoux et légèrement tourné d'un côté, tandis que ses yeux fixent le spectateur ; le visage et les mains fortement éclairés se détachent sur un fond sombre uniforme, et l'expression demeure le plus souvent impassible. L'habileté des peintres nés en Angleterre s'exerce surtout dans l'art de la miniature, qui est admirablement maîtrisé par Nicholas Hilliard (1547-1619) et Isaac Oliver (env. 1565-1617). Hilliard, qui débuta comme apprenti chez un orfèvre et était habitué à décorer chartes et patentes, était véritablement un héritier des enlumineurs médiévaux par la vivacité des couleurs et l'élégance du décor végétal. Son célèbre Jeune Homme au buisson de roses (1598, Victoria and Albert Museum, Londres) illustre bien le caractère emblématique de ces œuvres qui participaient souvent d'un rituel amoureux aristocratique. Hilliard a aussi peint quelques portraits de plus grandes dimensions, tel celui de La Reine Élisabeth Ire(vers 1575, Walker Art Gallery, Liverpool). La souveraine y est représentée comme une idole, son pâle visage enchâssé dans un diadème serti de perles et une collerette de dentelle, le corps engoncé dans une lourde robe de brocart ornée de pierreries et de colliers. Ici encore, le visage est impassible, comme celui de la Vierge sur une icône. Comme dans la plupart des portraits de cette époque, c'est la fonction du personnage dans la société bien plus que son identité psychologique qui est représentée.
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Écrit par
- Jacques CARRÉ : professeur à l'université de Clermont-Ferrand-II-Blaise-Pascal
- Barthélémy JOBERT : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Médias