- 1. La floraison de l'enluminure médiévale
- 2. Le XVIe siècle et la naissance du portrait
- 3. Le siècle des Stuarts et l'art de cour
- 4. L'ère des « connaisseurs » (1714-1830)
- 5. Du réalisme académique au colorisme préraphaélite (1830-1914)
- 6. Le XXe siècle : tradition et innovation
- 7. Tendances récentes de l'historiographie
- 8. Bibliographie
ANGLAIS (ART ET CULTURE) Peinture
Du réalisme académique au colorisme préraphaélite (1830-1914)
La peinture victorienne, il faut en convenir, offre le plus souvent le spectacle de l' académisme le plus figé. Le réalisme minutieux de la plupart des peintres les plus appréciés à l'époque est mis au service d'un moralisme conventionnel ou d'un pittoresque de pacotille. Les panoramas bibliques de John Martin (1789-1854) tiennent du grand guignol, et les scènes de foule de William Powell Frith (1819-1909) sont plus intéressantes pour les historiens que pour les amateurs de peinture. Il est bon de rappeler, pour comprendre cette évolution générale, que la traditionnelle clientèle aristocratique des artistes s'est élargie à une nouvelle bourgeoisie issue de la révolution industrielle, pour qui l'art doit être essentiellement descriptif et édifiant. La recherche picturale la plus féconde se fait en marge de la Royal Academy, chez des isolés comme Samuel Palmer (1805-1881), qui a laissé d'étranges paysages visionnaires, ou dans le groupe des « préraphaélites » formé vers 1850. Néanmoins, il ne faut pas exagérer les différences d'inspiration entre les membres de ce groupe et les autres peintres ; on trouve chez les uns et les autres de la peinture d'histoire, des portraits et des paysages. Ce qui les différencie le plus évidemment c'est leur technique ; abandonnant les fonds bitumineux, les préraphaélites posent leurs couleurs sur un fond blanc encore humide, ce qui accentue leur luminosité. Dante Gabriele Rossetti (1828-1882) aime les sujets littéraires ou religieux, illustrés grâce à la beauté vénéneuse de ses modèles favoris. William Holman Hunt (1827-1910) peint des sujets allégoriques avec des couleurs stridentes. Edward Burne-Jones, au contraire, choisit des tons froids pour illustrer les légendes arthuriennes. Le plus doué du groupe est sans conteste John Everett Millais (1829-1896), dont l'éclectisme et le brio lui valent les faveurs du public (La Jeune Fille aveugle, 1856, City Art Gallery, Birmingham).
Vers 1860, c'est un Américain, James McNeill Whistler (1834-1903), qui fit souffler un vent nouveau dans le milieu artistique londonien. Fasciné par Velázquez mais aussi par la peinture japonaise, il cultive la sobriété de la couleur et l'élégance du graphisme. Non sans provocation, il se plaît à intituler certains portraits du nom des couleurs dominantes (Arrangement en gris et noir no 2 : Thomas Carlyle, 1873, Corporation Art Gallery, Glasgow). Après 1870, les galeries privées et les écoles d'art se développent, et les peintres les plus originaux ne gravitent plus dans l'orbite de l'académie. Des groupes d' avant-garde se constituent, tel le New English Art Club (1886), dont les membres ont étudié à Paris et sont sous le charme de plein-airisme et bientôt de l'impressionnisme. Walter Sickert, influencé par Degas, et Philip Wilson Steer ont surtout le mérite d'initier le public des galeries londoniennes au nouveau langage de la peinture. Mais c'est seulement en 1910, lors de l'exposition postimpressionniste organisée par Roger Fry, que l'ampleur de la révolution esthétique en cours sur le continent allait être révélée en pleine lumière.
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Écrit par
- Jacques CARRÉ : professeur à l'université de Clermont-Ferrand-II-Blaise-Pascal
- Barthélémy JOBERT : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Médias