- 1. 1914, Londres, creuset de la sculpture moderne
- 2. Débats sur l'abstraction : Henry Moore, Barbara Hepworth
- 3. La sculpture et ses limites
- 4. Provocation, ironie, subversion : Gilbert et George, Bill Woodrow, Damien Hirst
- 5. Réinvention de la tradition : Anthony Caro, la « nouvelle sculpture anglaise » des années 1980
- 6. Bibliographie
ANGLAIS (ART ET CULTURE) Sculpture
Débats sur l'abstraction : Henry Moore, Barbara Hepworth
C'est à Henry Moore, Barbara Hepworth et Ben Nicholson qu'il revient d'avoir été les pionniers de la sculpture abstraite en Angleterre, dans les années 1930, sous la houlette du théoricien et critique Herbert Read. Henry Moore (1898-1986) et Barbara Hepworth (1903-1975), qui se sont connus à l'École des beaux-arts de Leeds en 1920, travaillent d'abord chacun dans un style personnel en proposant une interprétation nouvelle de la figure humaine (Moore, Reclining Woman, 1929, Leeds City Art Gallery ; Hepworth, Mother and Child, 1927, Toronto, Art Gallery of Ontario). Puis, à partir des années 1930, Hepworth invente Pierced Form. Abstraction (1931, détruite), et Moore, Two Forms (1934, New York, MoMA), œuvres où les formes naturelles servent de fondements à des compositions abstraites. Leurs créations se développent ensuite selon des logiques divergentes. En lien avec Nicholson et sous l'influence de Jean Arp, Hepworth se tourne vers une abstraction purement géométrique ou vers des créations plastiques très libres, tandis que Moore se rapproche davantage de la posture anti-abstraite d'un Picasso et entend demeurer en dialogue avec le réel, même dans des sculptures dont la forme paraît aussi peu figurative que Head (1939, Fondation Henry Moore, Leeds). En conclusion de cette période, en 1938, Herbert Read, fort optimiste, constate : « La sculpture anglaise a plus de vitalité à présent qu'elle n'en a eu au cours des quatre derniers siècles, et je ne m'étonnerais pas de la voir d'ici quelques années prendre la tête en Europe » (Cahiers d'art, no 1-2, 1938).
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et jusqu'à sa mort en 1986, Moore s'impose comme une des figures dominantes de la sculpture moderne. Une exposition rétrospective lui est consacrée au MoMA dès 1946 et le prix international de sculpture à la biennale de Venise lui est décerné en 1948. Son œuvre monumentale, qui propose une réinvention de la figuration du corps, se développe notamment en contrepoint d'œuvres marquantes de l'architecture moderne : siège de l'U.N.E.S.C.O. à Paris, 1956, avec Marcel Breuer (1902-1981) ; Lincoln Center à New York, 1963-1965, avec Philip Johnson (1906-2005).
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Écrit par
- Paul-Louis RINUY : professeur d'histoire et de théorie de l'art contemporain, université de Paris VIII
Classification
Médias