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ANGLAIS (ART ET CULTURE) Sculpture

Provocation, ironie, subversion : Gilbert et George, Bill Woodrow, Damien Hirst

Au sein de l'avant-garde britannique des années 1960, Gilbert (né en 1943) et George (né en 1942) incarnent avec humour une position radicale qu'ils inaugurent avec la performanceOur New Sculpture, en janvier 1969. Revêtus de stricts costumes gris, les visages et les mains recouverts de bronze en poudre et de peinture métallique, ils chantent, debout sur une table, une chanson retransmise par un vieux magnétophone pendant des heures d'affilée. Se présentant comme des « sculptures vivantes » et monumentalisant leur apparence banale typiquement british (cravate, costume, coupe de cheveux), ils subvertissent les codes de la sculpture qu'ils font mine de respecter scrupuleusement. Ils poursuivent cette démarche transgressive, en utilisant de plus en plus fréquemment le médium photographique pour des mises en scène pornographiques, voire scatologiques, visant à brouiller la distinction entre moralité et immoralité. Selon une logique tout autre, Bill Woodrow (né en 1948) marque la scène de la fin des années 1970 en transformant en sculpture des objets manufacturés (Hoover Breakdown, 1969) ou en combinant de manière grotesque des éléments disparates généralement issus de la culture populaire (Elephant, 1984, coll. privée).Si Tony Cragg (né en 1949) se rapproche de cet esprit critique à l'égard de la société de consommation, ses œuvres, largement reconnues, paraissent cependant constituer une exploration beaucoup plus large du monde matériel, non dénuée d'ironie et de fantaisie (Britain Seen from the North, 1981, Londres, Tate Gallery).

Plus récemment Damien Hirst (né en 1965) s'est fait connaître à la biennale de Venise de 1993 avec Mother and Child Divided (Oslo, Astrup Fearnley Museum) qui présentait dans quatre aquariums remplis de formol les carcasses, découpées de profil, d'une vache et d'un veau. À mi-chemin du grotesque et du terrifiant, ses sculptures sont des vanités modernes, teintées d'humour noir, qui surprennent le spectateur grâce à un art incontestable de la provocation.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et de théorie de l'art contemporain, université de Paris VIII

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Médias

Monument aux bourgeois de Calais, A. Rodin - crédits : Simon Bilbault

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La Mère et l'Enfant, B. Hepworth - crédits : Fox Photos/ Getty Images

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