ANGLICANISME
En Angleterre, la Réforme ne fut pas d'abord, comme sur le continent, une protestation religieuse. Elle fut l'effet des transformations de la situation politico-ecclésiastique provoquée par le roi Henri VIII en 1533-1535, et fut introduite alors, contre le gré de ce dernier, par des chrétiens continentaux. Elle se stabilisa, sous Élisabeth Ire (1558-1603), comme une via media entre le catholicisme et le protestantisme.
De ses origines, l'anglicanisme a hérité certains caractères propres, apparemment opposés, mais qu'il a toujours su concilier : le goût de la tradition et le sens critique, l'unité liturgique et un certain pluralisme doctrinal, en un mot ce que ses historiens appellent sa glorious comprehensiveness.
Il représente, au sein du christianisme contemporain, une tendance à la conciliation et à l'ouverture à l'égard du monde moderne. Répandue aujourd'hui dans le monde entier, la communion anglicane est devenue une des expressions majeures du christianisme et joue un rôle croissant dans le mouvement œcuménique.
Origines
La vie de l' Église fut toujours liée, en Angleterre, à celle de la nation, de façon plus étroite que sur le continent. L'établissement du christianisme au viie siècle, sous l'impulsion de l'Italien Augustin et du Grec Théodore de Canterbury, fut accompagné d'un développement culturel et de l'installation de formes de gouvernement auxquelles le nom de Rome est inséparablement lié. Les procédures des conciles ont ainsi servi de modèle au Parlement, et le droit canonique est à l'origine du code civil anglais.
Avec la conquête normande (1066), l'Église d'Angleterre, d'abord insulaire, fit bientôt partie du système catholique européen. Mais la situation de l'Angleterre demeurant différente, le conflit entre les nouveaux princes, puissants et soucieux de l'autonomie nationale, et la papauté, devenue sur le continent le centre du monde chrétien, était inévitable. Guillaume le Conquérant refusa le premier de prêter au pape l'hommage de suzeraineté, comme le faisaient les princes du continent. Si l'attitude de ses successeurs fut plus hésitante, le roi Jean (1213) acceptant le principe de suzeraineté, mais Édouard III le refusant de nouveau (1366), une tension persista pendant tout le Moyen Âge entre Rome et les rois normands au sujet de la juridiction du pape et de la souveraineté royale.
C'est pour avoir refusé les constitutions royales de Clarendon, relatives aux procès des clercs, que l'archevêque de Canterbury, Thomas Becket, fut assassiné par ordre royal, le 29 décembre 1170. Les conflits étaient donc fréquents entre le pouvoir royal et l'Église, avant même la Réforme. Au xvie siècle, la critique de la situation politico-ecclésiastique, due surtout à Wyclif et aux Lollards, était devenue courante dans l'Université, et elle atteignait aussi les couches populaires.
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Écrit par
- Bernard DUPUY
: directeur du Centre d'études Istina et de la revue
Istina
Classification
Médias
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