ANGOLA
Nom officiel | République d'Angola (AO) |
Chef de l'État et du gouvernement | João Lourenço (depuis le 26 septembre 2017) |
Capitale | Luanda |
Langue officielle | Portugais |
Unité monétaire | Kwanza (AOA) |
Population (estim.) |
35 159 000 (2024) |
Superficie |
1 246 700 km²
|
Histoire
Cinq siècles de colonialisme ?
À la fin du xve siècle (1482), l'explorateur portugais Diogo Cão est le premier Européen à débarquer à l'embouchure du fleuve Congo. Quelques années plus tard, un autre groupe d'explorateurs, accompagné de missionnaires jésuites, remonte le fleuve jusqu'à la ville de Mbanza Kongo, alors capitale d'un des plus vastes royaumes africains de l'époque précoloniale, le royaume du Kongo. La troupe est bien reçue par le mani Kongo (roi), qui se convertit au catholicisme, marquant le début de la christianisation et de la présence européenne dans ce qui deviendra l'Angola.
La présence portugaise sur la côte atlantique de l'Afrique est donc ancienne. Peut-on pour autant affirmer que l'Angola a connu « cinq siècles de colonialisme et de civilisation », selon l'idéologie coloniale portugaise, ou « cinq siècles d'exploitation et d'oppression », comme l'ont dénoncé les nationalistes angolais dès les années 1950 ? En fait, le Portugal est, jusqu'à la première moitié du xxe siècle, une puissance coloniale paradoxale. Pionnière de la découverte de l'Afrique, elle n'étend son contrôle sur l'intérieur du continent que très tardivement par rapport aux colonies britanniques ou françaises. Ce paradoxe est l'un des éléments centraux de l'histoire de l'Angola. D'une part, la présence très ancienne d'une population européenne – presque exclusivement masculine puisqu'elle se compose principalement, jusqu'à la fin du xixe siècle, de déportés (opposants politiques ou criminels) – permet le développement d'une société créole dans les villes du littoral essentiellement. Le rôle social et politique de ce groupe créole est prépondérant jusqu'aux années 1930, et son progressif déclassement social aura des répercussions sur le développement du nationalisme. D'autre part, la faiblesse d'une puissance coloniale portugaise qui n'a pas les moyens financiers de son ambition, n'investit pas dans le secteur social, et a recours au travail forcé pour assurer le fonctionnement de son économie d'extraction, ainsi que le développement très tardif d'une économie locale (au cours des années 1960), marqueront très fortement la société angolaise.
Jusqu'au milieu du xixe siècle, la présence portugaise en Angola se concentre sur le littoral, et sur deux couloirs de pénétration vers l'intérieur du pays. La ville côtière de Luanda est fondée, en 1575, par Paulo Dias de Novais, puis celle de Benguela, en 1617, quelque 600 kilomètres plus au sud. Depuis Luanda, les Portugais s'enfoncent à l'est jusqu'à la ville de Malanje et, à partir de Benguela, s'installent également sur les contreforts du haut-plateau central. Au xviie siècle, le monopole portugais sur le commerce, à partir de la côte angolaise, est contesté par les autres puissances coloniales, et Luanda passe même sous contrôle hollandais en 1641, avant qu'une expédition portugaise, menée à partir du Brésil, ne rétablisse, en 1648, l'autorité de Lisbonne.
Pendant près de trois siècles, le commerce des esclaves domine largement les activités portugaises sur le sol angolais, même si d'autres produits tels que la cire d'abeilles, l'ivoire et le cuivre sont également exportés. Ce commerce détermine les liens entre Portugais et royaumes angolais, et les effets de la traite sur ceux-ci sont contrastés. Alors que le royaume du Kongo entre dans une longue phase de déclin au xviie siècle, le royaume de Ndongo (à l'est de Luanda) se renforce, tout comme les royaumes ovimbundu du haut plateau central qui profitent également de leur position d'intermédiaires dans le commerce avec les Portugais. Les esclaves qui transitent par les ports de Luanda et de Benguela sont[...]
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Écrit par
- Philippe GERVAIS-LAMBONY : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
- Didier PÉCLARD : docteur en science politique, Institut d'études politiques de Paris, chercheur, Fondation suisse pour la paix, Berne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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