ANGOLA
Nom officiel | République d'Angola (AO) |
Chef de l'État et du gouvernement | João Lourenço (depuis le 26 septembre 2017) |
Capitale | Luanda |
Langue officielle | Portugais |
Unité monétaire | Kwanza (AOA) |
Population (estim.) |
35 159 000 (2024) |
Superficie |
1 246 700 km²
|
L'Angola depuis l'indépendance
Une guerre civile internationalisée
La guerre d'indépendance se transforme donc rapidement en une guerre civile internationalisée, tributaire d'une logique de guerre froide, mais surtout nourrie par les profondes divisions sociales et historiques entre les trois mouvements nationalistes. Rapidement abandonné par ses alliés zaïrois, le F.N.L.A. disparaît pratiquement de la scène politico-militaire angolaise. La guerre se réduit à un affrontement entre le M.P.L.A. et l'U.N.I.T.A., et leurs alliés respectifs, c'est-à-dire Cuba et U.R.S.S. pour le premier, États-Unis et Afrique du Sud pour le second.
Le M.P.L.A., alliance complexe et fragile entre différents groupes sociaux angolais, ne sort pas indemne des années de lutte nationaliste, même si c'est à son président Agostinho Neto qu'échoit le pouvoir dès l'indépendance. Le 27 mai 1977, Nito Alves, à la tête d'une branche dissidente du M.L.P.A., tente de prendre le pouvoir. Son coup d'État échoue et une sanglante répression s'abat sur tous les dissidents potentiels et déclarés au président Neto, dont le pouvoir sort renforcé. En décembre de la même année, le M.P.L.A. devient officiellement M.P.L.A.-Parti du travail (M.P.L.A.-P.T.), et Neto instaure un régime de parti unique à la soviétique. Deux ans plus tard, en 1979, il meurt à Moscou et est remplacé par José Eduardo Dos Santos.
Président jeune, sans grande expérience du pouvoir et sans réel poids face aux ténors du parti, Dos Santos parvient toutefois à renforcer peu à peu son autorité, puis à concentrer entre ses mains et celles de sa garde rapprochée tous les leviers importants du pouvoir angolais. Il s'appuie, pour cela, sur les immenses ressources pétrolières, dont l'exploitation en offshore ne souffre que très peu de la guerre. Dans les années 1980, le M.P.L.A.-P.T. et l'élite dirigeante de Luanda se transforment en une nomenklatura profitant de l'argent du pétrole et du vaste réseau clientéliste mis en place par la présidence, et qui contrôle étroitement la société angolaise.
Au moment de l'indépendance, l'U.N.I.T.A. est fermement installée à Huambo, deuxième ville du pays, d'où elle annonce la création, avec le F.N.L.A., d'une République démocratique d'Angola. Celle-ci ne durera pas et, en 1976, l'U.N.I.T.A. est chassée de Huambo par le M.P.L.A. et les troupes cubaines. Commence alors la « longue marche » des partisans de Jonas Savimbi, jusqu'à l'extrême sud-est du pays, dans ce que les Portugais appelaient les « terres du bout du monde ». Jamba, proche de la frontière avec la Namibie (alors sous contrôle sud-africain) sert de quartier général au mouvement jusque dans les années 1990. Maniant habilement les registres du chef traditionnel, du commandant militaire et du freedom fighter soutenu par le bloc occidental, Jonas Savimbi règne d'une main de fer sur la ville de Jamba et sur ses troupes.
Espoirs, échecs et destructions
Guerre de guérilla à ses débuts, le conflit angolais du milieu des années 1980 ressemble plus à une guerre conventionnelle, tant les moyens militaires des deux camps sont importants, surtout après que le gouvernement américain de Ronald Reagan a levé, en 1985, l'interdiction de vente d'armes à l'Angola. Les affrontements s'étendent à l'ensemble du pays. Dès 1988, pourtant, la détente dans les relations est-ouest et l'essoufflement du régime d'apartheid en Afrique du Sud permettent une première tentative de règlement du conflit angolais. Une solution, dite liée, se dessine, en effet, entre les divers protagonistes, et l'Afrique du Sud accepte d'octroyer l'indépendance à la Namibie en 1990, en échange de la garantie du retrait des troupes cubaines d'Angola. Poussés par leurs alliés respectifs, le M.P.L.A. – qui, en[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Philippe GERVAIS-LAMBONY : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
- Didier PÉCLARD : docteur en science politique, Institut d'études politiques de Paris, chercheur, Fondation suisse pour la paix, Berne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
ANGOLA, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale
- Écrit par Roland POURTIER
- 24 465 mots
- 27 médias
...a servi, jusqu'à l'établissement de la paix coloniale, de montagne refuge pour les Dogons menacés dans les plaines par les cavaliers peuls et touaregs. En Angola, les populations côtières, souvent métissées, ont abondamment puisé dans les « réservoirs » démographiques de l'intérieur, parmi les ... -
AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations
- Écrit par Marc MICHEL
- 12 424 mots
- 24 médias
...avant la Seconde Guerre mondiale, se fit beaucoup plus présente après. L'émigration vers les colonies fut encouragée et s'accéléra surtout après 1960. L' Angola comptait déjà près de 175 000 Blancs en 1960 et constituait le troisième territoire de peuplement européen au sud du Sahara. Cette immigration,... -
AFRIQUE AUSTRALE
- Écrit par Jeanne VIVET
- 6 100 mots
- 5 médias
...d'une terrible crise économique, d'une hyperinflation et de graves crises politiques, qui ont engendré une pauvreté de masse. Dans le « deuxième cercle », l'Angola et le Mozambique ont connu une croissance économique spectaculaire dans les années 2000 ; cette croissance de rattrapage post-conflit était également... -
AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Littératures
- Écrit par Jean DERIVE , Jean-Louis JOUBERT et Michel LABAN
- 16 566 mots
- 2 médias
En Angola, après le roman Terra morta ([Camaxilo] ; (publié au Brésil en 1949), de Castro Soromenho (1910-1968), qui dénonce lui aussi la situation coloniale, c'est également une revue, Mensagem, qui réunit en 1951 les principaux artisans d'une littérature résolument angolaise : citons parmi... - Afficher les 18 références