- 1. Historique
- 2. Les systèmes population-environnement
- 3. La croissance exponentielle et le paradigme de la régulation dépendante de la densité
- 4. Fluctuations, limitation et régulation des populations
- 5. L'accès aux paramètres démographiques
- 6. Biodémographie et biologie évolutive
- 7. Gestion et conservation des populations
- 8. Conclusion
- 9. Bibliographie
POPULATIONS ANIMALES (DYNAMIQUE DES)
Biodémographie et biologie évolutive
Les flux au sein des populations animales, même régulés par des quantités d'énergie ou de matière, s'expriment en nombre d'individus. La qualité de l'individu, phénotypique ou génotypique, et son expression à travers le comportement vont donc participer à la détermination des flux. Ce rôle de l'individu relie approches démographique et évolutive. Les progrès de la dynamique des populations ont donc eu des conséquences importantes sur notre compréhension du fonctionnement évolutif des populations.
Le concept de stratégie en écologie
Le cycle de vie des organismes résulte d'un ensemble de traits qui contribuent à leur survie et à leur reproduction, donc à leur valeur sélective (fitness darwinienne). Aussi l'analyse de tels assemblages de caractères – morphologiques, physiologiques, éthologiques, écologiques, démographiques – est-elle de première importance en biologie évolutive. Ces combinaisons complexes de caractères ont été appelées, dans une perspective évolutionniste, « stratégies » ou « tactiques » : réunissant des traits qui fonctionnent ensemble et coévoluent, elles traduisent l'adaptation des populations à leur environnement.
D'une manière très générale, on peut dire qu'une stratégie, pour un être vivant, est, dans une situation donnée, un type de réponse ou de performance parmi une série de possibilités. Implicitement, on admet l'existence de contraintes, externes ou internes, ainsi que celle de choix (dans un sens que nous allons préciser) et de compromis entre fonctions biologiques face à ces contraintes. En effet, pour survivre et se reproduire, tout être vivant a besoin de matière et d'énergie qu'il lui faut répartir entre ses différentes fonctions essentielles. À la suite de contraintes diverses (abondance et capturabilité des proies, temps nécessaire à la recherche et à l'ingestion de celles-ci, etc.), la quantité d'énergie disponible est limitée. Par conséquent, accroître l'allocation d'énergie à la reproduction, par exemple, équivaut à réduire l'énergie disponible pour la croissance ou les dépenses d'entretien. Il y a donc nécessité de « choix », mais au sens évolutif du terme. D'un point de vue évolutionniste, on considère que la sélection naturelle devrait favoriser les génotypes qui, entre les multiples compromis (= stratégies) possibles, adoptent ceux qui ont conféré de génération en génération le taux de multiplication (valeur sélective) le plus élevé possible. La solution optimale dépend des contraintes qui s'exercent au sein du système population-environnement en question, c'est-à-dire de la nature des pressions sélectives qui pèsent sur la dynamique de la population considérée : imprévisibilité des conditions climatiques ou des ressources, prédation affectant ou non tous les stades de développement, compétition intra- ou interspécifique, etc. Quoi qu'il en soit, le résultat d'une telle allocation optimale des ressources entre les diverses fonctions vitales de l'organisme se traduit par un profil biologique et démographique caractéristique, défini par un ensemble de traits tels que l'âge et la taille à la première reproduction, les taux de fécondité et de mortalité spécifiques de chaque classe d'âge, le type d'organisation sociale, etc. Ce profil biodémographique est donc l'expression globale de l'adaptation de l'organisme à son environnement. On parlera de stratégie adaptative, ou de stratégie démographique – pour souligner la dimension démographique des caractères en cause –, voire de stratégie biodémographique – pour rappeler la signification globale de celle-ci (traits démographiques mais aussi éthologiques, morphologiques).
Ce concept associe donc deux idées[...]
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Écrit par
- Robert BARBAULT : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directeur du département écologie et gestion de la biodiversité, Muséum national d'histoire naturelle, Paris
- Jean-Dominique LEBRETON : directeur de recherche émérite au CNRS, membre de l'Académie des sciences
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Médias