- 1. Historique
- 2. Les systèmes population-environnement
- 3. La croissance exponentielle et le paradigme de la régulation dépendante de la densité
- 4. Fluctuations, limitation et régulation des populations
- 5. L'accès aux paramètres démographiques
- 6. Biodémographie et biologie évolutive
- 7. Gestion et conservation des populations
- 8. Conclusion
- 9. Bibliographie
POPULATIONS ANIMALES (DYNAMIQUE DES)
Gestion et conservation des populations
La gestion et la conservation des populations animales et végétales peuvent également s'appuyer sur l'ensemble des connaissances en dynamique des populations. Les apports concernent tout d'abord l'emploi de principes plutôt théoriques. Un des meilleurs exemples est apporté par le débat sur le dessin des réserves : est-il préférable, pour la sauvegarde d'une espèce, de créer une seule grande réserve, avec un plus faible risque d'extinction locale, ou plusieurs, plus petites, entre lesquelles il faudra en revanche veiller, éventuellement artificiellement, à ce qu'existent des flux d'individus ? C'est le débat « S.L.O.S.S. » (« Single large or several small »). D'autres apports concernent des études de cas souvent fouillées, mais qui restent encore l'exception. En effet la gestion des populations appelle souvent à la prise de décision en l'absence d'éléments suffisants. La modélisation joue alors un rôle de synthèse, mais il faut bien en garder à l'esprit les limites. La dynamique des populations exploitées a été ainsi développée en halieutique à partir du paradigme de la « relation stock-recrutement », selon lequel le recrutement, c'est-à-dire l'entrée dans la phase reproductive de la population, sera accéléré en cas de diminution des effectifs. Des modèles mathématiques permettent alors de déduire le taux maximal d'exploitation. Les quotas de pêche, mis en place par divers organismes internationaux, sont en principe basés sur ce type de modèles, même si la décision finale reflète bien d'autres considérations.
En biologie de la conservation, la dynamique des populations s'interroge souvent sur la viabilité de petites populations et utilise alors des modèles d'extinction. La difficulté est alors de nourrir le modèle d'estimations raisonnables des paramètres démographiques, alors même que la population étudiée est souvent trop petite pour les appréhender avec suffisamment de précision. Mais la modélisation permet alors en retour de valider parfois certaines analyses. Ainsi, dans le déclin rapide des effectifs des cigognes blanches Ciconia ciconia en Alsace et au Bade-Wurtemberg depuis 1960, le rôle de la relation mortalité-pluviométrie au Sahel est confirmé par la qualité de la reconstitution des effectifs à partir d'un modèle démographique. Des analyses similaires ont démontré que cette dégradation climatique est aussi responsable de la décroissance des effectifs d'autres espèces migratrices transsahariennes, comme le héron pourpré Ardea purpurea ou le phragmite des joncs Acrocephalus schoenobaenus. Une telle cause de décroissance de populations d'oiseaux migrateurs restreint bien sûr considérablement les politiques de conservation possibles.
De même, des éléments précis sont souvent nécessaires lorsque s'élèvent des controverses en matière de gestion des populations animales. Une telle controverse s'est développée dans les années 1990 à propos de la chouette tachetée Strix occidentalis caurina aux États-Unis. Le statut d'espèce menacée conduit en effet à une remise en cause des politiques forestières dans tout le nord-ouest des États-Unis. En effet, aux termes de l'« Endangered Species Act », son habitat, en l'occurrence la forêt pluviale primaire de la côte Pacifique nord-américaine, ne peut être modifié. L'analyse démographique a conclu à une décroissance du taux de survie des femelles adultes au cours du temps et a prédit une décroissance significative des effectifs en l'état des paramètres démographiques estimés.
Dans certains cas, on a même pu juger de la qualité des politiques de réintroduction. Ainsi, dans l'exemple des cigognes d'Alsace, des réintroductions d'individus partiellement sédentarisés par[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Robert BARBAULT : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directeur du département écologie et gestion de la biodiversité, Muséum national d'histoire naturelle, Paris
- Jean-Dominique LEBRETON : directeur de recherche émérite au CNRS, membre de l'Académie des sciences
Classification
Médias