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ANIMAL

Une définition s'appuyant sur les progrès en biologie

Les progrès accomplis en physiologie, en cytologie et en embryologie durant les xixe et xxe siècles ont permis de considérablement affiner la définition de l'animal. La notion de plans d'organisation anatomique, apparue avec Georges Cuvier et développée par Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, est également le propre des animaux : il s'agit de la répartition des différents organes par rapport aux axes de polarités (gauche/droit, haut/bas). Ces plans sont déterminés depuis la naissance (à l'exception des animaux à métamorphose) et permettent de définir les différents embranchements du règne animal. Les scientifiques ont déterminé aussi certaines des particularités des cellules qui sont fines et souples chez les animaux, tandis qu'elles sont rigides chez les plantes. La croissance, enfin, se fait de façon interne chez les animaux alors qu'elle est externe chez les plantes, comme par couches successives.

Surtout, en explorant les conséquences biologiques de l'hétérotrophie, on peut aboutir à une définition précise de la structuration organique des animaux. Contrairement aux plantes qui fabriquent elles-mêmes leur nourriture à partir de matières inorganiques, les animaux sont entièrement dépendants de la consommation d'autres organismes vivants, une relation que sir Peter Chalmers Mitchell définit comme une variété de parasitisme. De fait, on peut considérer que de nombreux traits spécifiques aux animaux constituent une adaptation à l'hétérotrophie : l'anatomie animale s'organise autour et en fonction d'un organe central, baptisé cavité alimentaire ou système digestif, destiné à recevoir et à assimiler la nourriture, une caractéristique que possèdent même les animaux les plus élémentaires ; la consommation d'autres êtres vivants conduit aussi à un métabolisme spécifique produisant de l'urée, un processus présent uniquement chez les animaux ; enfin, le développement des organes de locomotion ou des organes des sens permet une recherche active de la nourriture.

En simplifiant ce débat complexe, les biologistes d'aujourd'hui préfèrent donc, en lieu et place d'animal, le terme métazoaires (Metazoa sur les arbres phylogénétiques) qu'ils définissent comme des organismes eucaryotes multicellulaires mobiles et hétérotrophes. Plus qu'un changement radical, le concept de métazoaire est utilisé pour souligner la précision de la dénomination scientifique par rapport au contenu du mot animal que tout le monde connaît sans être pour autant capable d'en donner un sens juste.

On le voit, la définition d'animal pose de multiples interrogations qui dépassent le simple cadre purement scientifique. Elle est indissociable de l'histoire de la vie sur Terre et de l'évolution et, si l'on n'admet pas celle-ci, alors il est impossible de disposer d'une définition précise et fonctionnelle du règne animal. C'est ce contexte qui permet également de comprendre cette question et ses enjeux : à partir de quand un être vivant est-il un animal et non une plante ? Cette quête pour une définition précise et exacte d'animal interroge par contrecoup la nature humaine. Manifestement, la notion d'automates complexes ne suffisant plus à expliquer les comportements sophistiqués des animaux (les techniques de chasse collective des loups ou des lycaons, ou le goût du jeu chez de nombreux mammifères), il faut bien parler de sensibilité, de culture et d'intelligence, et, par là même, remettre en cause certains des attributs que l'on croyait être jusqu'ici le propre de l'homme.

— Valérie CHANSIGAUD

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Écrit par

  • : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot

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