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MERIAN ANNA MARIA SIBYLLA (1647-1717)

Son voyage scientifique et son apport majeur à l’entomologie

Morpho bleu, papillon - crédits : Natural History Museum of London/ Biosphoto

Morpho bleu, papillon

En 1685, Maria Merian quitte Francfort et son mari, et, accompagnée de sa mère et de ses deux filles, rejoint Caspar Merian, son demi-frère, dans la communauté pieuse et monastique des labadistes (secte anabaptiste créée par Jean de Labadie), au château de Waltha dans la Frise (république des Provinces-Unies). Après la mort de son frère et de sa mère, elle va s’installer à Amsterdam en 1691. En 1699, à l’âge de cinquante-deux ans, elle décide de partir, avec sa plus jeune fille (Dorothea Maria), au Suriname, où elle séjourne, près de Paramaribo, dans une communauté religieuse. Là, Maria Merian observe le climat local, les usages des plantes et des animaux, le traitement des esclaves par les colons hollandais, et surtout la vie et la reproduction des insectes qu’elle traque jusque dans la jungle humide. Atteinte de la malaria, elle rentre à Amsterdam en 1701, rapportant nombre de plantes et animaux séchés ou conservés dans l’alcool, d’esquisses, de dessins et de peintures. En 1705, Maria Merian publie son œuvre majeure Metamorphosisinsectorumsurinamensium (« Métamorphoses des insectes du Suriname… », en latin et hollandais). Il s’agit de soixante planches (insectes et quelques vertébrés et invertébrés) accompagnées d’un commentaire de Caspar Commelin, alors directeur du Jardin botanique d’Amsterdam. Comme dans son livre concernant les chenilles, chaque planche de lépidoptères est organisée autour d’une seule plante hôte avec la représentation de la chenille, de la nymphe, du papillon en vol pour observer le dessus de l’animal, et du papillon au repos pour voir le dessous.

À la suite d’une attaque cérébrale, Maria Merian finit ses jours dans la pauvreté et meurt le 13 janvier 1717 à Amsterdam. Le jour de son décès, une part importante de son œuvre est achetée par un agent du tsar Pierre le Grand pour 3 000 guinées hollandaises. Cette même année, sa fille Dorothea Maria réédite le « Livre des chenilles » avec quelques variantes. Des éditions latines et françaises suivront.

Dans les années 1980, on redécouvre cette artiste et naturaliste, ses travaux faisant depuis l’objet de rééditions et d’expositions. Son nom reste attaché à plusieurs espèces : l’araignée Metellinamerianae (1763), le tégu noir et blanc Salvator merianae (1839) et la grenouille Pseudismerianae (1841).

Même si Jean Théodore Lacordaire (1801-1870), dans son Introduction à l’entomologie (1834-1838), estime que l’ouvrage de Merian sur la métamorphose des insectes est « toujours recherché pour la beauté de ses planches, quoiqu’il contienne un assez grand nombre d’erreurs et ait perdu presque toute son utilité », il a cependant influencé nombre de naturalistes comme René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757) et Carl von Linné (1707-1778). Les entomologistes ont finalement reconnu dans l’œuvre de Maria Merian un tournant dans l’histoire de l’étude des insectes.

— Denis LAMY

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Morpho bleu, papillon - crédits : Natural History Museum of London/ Biosphoto

Morpho bleu, papillon

Autres références

  • MERIAN L'ANCIEN MATTHÄUS (1593-1650)

    • Écrit par
    • 290 mots

    Graveur suisse, spécialisé dans les paysages et les vues topographiques, Matthäus Merian l'Ancien est né à Bâle le 22 septembre 1593, d'une famille d'orfèvres. Il travailla dans plusieurs villes : Francfort, Nancy, Paris, puis à nouveau Bâle, Augsbourg et Stuttgart (1616), Francfort (1617). Lors de...