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ANNABA

Algérie : carte générale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Algérie : carte générale

Quatrième ville et deuxième pôle industriel d’Algérie, Annaba est située sur le littoral, à l’extrême est du pays. Lors du dernier recensement (2008), la ville comptait 257 400 habitants et son agglomération plus de 500 000 habitants.

Elle occupe un site qui combine deux éléments complémentaires : la vaste baie en forme de faucille, protégée des vents du nord-ouest par le promontoire du cap de Garde, et la plaine qui s’ouvre, immédiatement derrière le cordon littoral, au pied du massif de l’Edough (1 008 m) sur lequel la ville est adossée.

Annaba est fondée à l’époque des royaumes numides, il y a plus de 2 200 ans. Les noms successifs qu’elle a pris, Hippo Regius, Hippone, Bouna, Bled El Anneb, Bône et enfin Annaba, attestent d’une continuité toponymique, même si le nom arabe d’Annaba renvoie aussi au jujubier, arbre fruitier très présent dans la région méditerranéenne.

Ruines d’Hippone, Algérie - crédits : Anton_Ivanov/ Shutterstock

Ruines d’Hippone, Algérie

Hippone devient l'une des grandes villes de la province d'Africa Nova durant la période romaine, et son nom est inséparable de l’évêque saint Augustin. Le siège épiscopal d'Hippone où se tinrent deux conciles (en 393 et 427) peut être considéré comme un des centres, avec Carthage, de la pensée chrétienne occidentale à la fin du ive siècle.

Le déclin de la ville commence avec la chute de l’Empire romain d’Occident, au ve siècle, et se poursuit sous les Byzantins puis durant toute la période des royaumes arabo-berbères qui se succèdent jusqu’au xvie siècle. À la fin du xe siècle, l'emplacement de la cité antique est abandonné, et une ville nouvelle (Bouna)est édifiée à deux kilomètres plus au nord, sur le promontoire qui domine le port actuel. Durant l'époque ottomane (xvie-xixe siècle), Annaba est une petite ville qui entretient grâce à son port des relations commerciales avec les différents comptoirs de la Méditerranée.

Après la conquête française (1832), la ville, qui prend le nom de Bône, devient un élément important du dispositif colonial. Elle s’appuie sur un double hinterland, agricole dans la plaine, et minier plus au Sud, qui est mis en valeur dans le cadre d’une économie portuaire permettant l’exportation des productions agricoles (vignobles et agrumes), des minerais de fer (Ouenza, Bou Khadra) et de phosphate (Djebel Onk).

L’exploitation minière justifie dès le xixe siècle la construction d'une voie ferrée Bône-Tébessa, faisant du port un élément clé de l’économie locale. Durant toute cette période, la ville vit au rythme de son trafic portuaire, qui constitue le moteur de l'économie régionale en entretenant des activités induites (commerce, transformation industrielle) et qui fait la prospérité de la forte colonie européenne. En 1954, les Européens représentaient 43 % des 114 000 habitants de la ville.

Après 1962, l’État algérien indépendant décide de faire d’Annaba un grand pôle industriel avec la création d’un complexe sidérurgique à El Hadjar (à 7 km au sud de la ville). Alimenté par les mines de fer de l’Ouenza et de Bou Khadra, celui-ci atteint une capacité de production de 2 millions de tonnes en 1975, allant jusqu’à employer dix-huit mille personnes. Mais le complexe subit les effets de la crise de l’économie algérienne des années 1990 et est racheté en 2001 par la multinationale Mittal Steel Company (ancêtre d’ArcelorMittal) qui le restructure et limite sa production à 400 000 tonnes et son effectif à six mille employés. Repris par l’entreprise publique algérienne Sider en 2013, le complexe peine à retrouver ses capacités de production.

Aujourd’hui, malgré les désillusions liées à la réduction des activités du complexe sidérurgique, Annaba est avec El Hadjar un des principaux pôles industriels algériens, comportant au total une trentaine d'unités industrielles, essentiellement créées par des capitaux publics[...]

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Écrit par

  • : sociologue, maître de conférences à l'université d'Aix-Marseille, chercheur à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (IREMAM)

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Ruines d’Hippone, Algérie

Autres références

  • ALGÉRIE

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    ...qui rassemble près de 9 % de la population du pays sur 0,03 % du territoire, se distingue nettement avec une densité de près de 3 700 habitants/km2 par rapport aux wilayas des métropoles régionales dont les densités sont beaucoup moins élevées (685 à Oran, 429 à Constantine et423 à Annaba).