CHAUSSON ANNE-CAROLINE (1977- )

La Française Anne-Caroline Chausson a mis en 2008 un terme à sa carrière cycliste, couronnée par la médaille d'or obtenue en B.M.X. – une discipline qui faisait son entrée au programme olympique – aux Jeux de Pékin. Championne méconnue, elle s'est pourtant construit un impressionnant palmarès, en B.M.X. et en V.T.T.

Anne-Caroline Chausson est née le 8 octobre 1977 à Dijon. Dès l'âge de six ans, elle pratique le bicross, qui sera bientôt dénommé B.M.X, en compagnie de son père, fonctionnaire à la mairie de Dijon, et de ses frères. Chez les jeunes, elle remporte trois titres de championne du monde de bicross. À seize ans, elle opte pour le V.T.T., et va régner dans la discipline de la descente, son goût du risque et de la vitesse lui permettant de se jouer des obstacles. Elle est trois fois championne du monde junior (1993-1995), puis neuf fois championne du monde élite (1996-2003, puis 2005). En 2006, elle songe à arrêter la compétition. Mais, en 2003, le Comité international olympique avait décidé d'inscrire le B.M.X. au programme des Jeux de Pékin. Aiguillonnée par son compagnon, Philippe Billy, un ancien champion de ski de vitesse, et par Fabrice Vettoretti, entraîneur national de B.M.X., elle accepte de retourner à ses amours enfantines et se remet au B.M.X. Il lui faut alors reprendre tout de zéro, la technique nécessaire pour le B.M.X. étant très différente de celle du V.T.T. – un réapprentissage ponctué de nombreuses chutes, et même par une blessure assez sérieuse au dos.

C'est donc emplie par le doute que la championne s'envole pour Pékin. D'autant qu'elle doit faire face à une redoutable adversaire, la Britannique Shanaze Reade, double championne du monde, qui a bénéficié de conditions d'entraînement idéales – la Fédération britannique de cyclisme a fait construire en Angleterre un circuit identique à celui de Laoshan, théâtre de l'épreuve olympique.

À Pékin, Anne-Caroline Chausson maîtrise parfaitement les séries qualificatives, réalisant le meilleur temps. Le lendemain, en raison de la pluie qui rend la piste impraticable, les concurrentes ne peuvent pas disputer la finale. Anne-Caroline Chausson aurait donc dû être médaillée d'or, car le règlement international précise clairement que, en cas de pluie, les courses sont annulées et le classement est établi en fonction des temps réalisés lors des séries qualificatives. Mais, sous la pression des Américains et des Britanniques, les organisateurs, en accord avec l'Union cycliste internationale, ne vont pas appliquer ledit règlement, et repoussent la finale d'une journée. Malgré ce contretemps, la Bourguignonne conserve sa motivation. En finale, elle prend le meilleur départ, maîtrise les bosses ; mais Shanaze Reade heurte délibérément la roue de la Française dans le dernier virage pour tenter de la déborder, voire de la faire chuter – une manœuvre courante en B.M.X. Finalement, c'est la Britannique qui tombe. Anne-Caroline Chausson devient la première championne olympique de B.M.X., alors qu'une autre Française, la jeune Laëtitia Le Corguillé, est médaillée d'argent.

Anne-Caroline Chausson désire alors développer des vélos de B.M.X., monter un centre de V.T.T. à Vars (Hautes-Alpes), où elle réside ; mais aussi battre ses records personnels sur le kilomètre lancé (192 km/h à ski, 187,9 km/h à vélo)... Elle est déjà devenue championne du monde de ski de vitesse, dans la catégorie descente, le 22 janvier 2009 à Vars.

— Pierre LAGRUE