ANNE et JOACHIM saints (Ier s. av. J.-C.)
Les informations concernant les vies des parents de la Vierge Marie, Anne et Joachim, proviennent de récits apocryphes : le Protévangile de Jacques (iie s. apr. J.-C.) et l'Évangile de la nativité de Marie (iiie s. apr. J.-C.). Selon ces sources, Anne (en hébreu Hannah) naît à Bethléem, en Judée, et épouse Joachim. Bien qu'il mène une vie de dévotion à Nazareth, le couple se plaint de ne pas avoir d'enfant. Joachim, dont la stérilité est critiquée au Temple, se retire dans la campagne pour prier. Affligée par l'absence de son époux et par sa propre infécondité, Anne promet solennellement à Dieu, s'il lui accorde un enfant, de vouer la vie de ce dernier à la prière. Les deux époux sont visités par un ange, qui leur annonce qu'Anne va concevoir et porter un enfant merveilleux.
Le couple se réjouit de la naissance de Marie. À ses trois ans, ses parents l'accompagnent au Temple de Jérusalem afin de tenir leur promesse. Ils confient son éducation aux prêtres. Cet événement devint par la suite si important dans la doctrine chrétienne qu'en 1585 le pape Sixte V intégra dans le calendrier de l'Église d'Occident la fête liturgique de la Présentation de Marie (21 novembre). Si cette fête apparut relativement tôt en Orient, probablement à Jérusalem en 543, elle fut pour la première fois observée en Occident en Angleterre au xie siècle.
Le récit de la vie d'Anne et Joachim rappelle étrangement l'histoire d'une autre Anne, femme stérile qui enfanta le prophète Samuel, retracée dans l'Ancien Testament (I Sam., i). Selon des sources plus tardives, Joachim meurt peu après la naissance de Marie, et Anne, encouragée par le Saint-Esprit, se remarie. Le culte d'Anne est très fervent dans l'Église d'Orient dès le ive siècle. Il est probablement introduit à Rome au début du viiie siècle par le pape Constantin. Le culte de Joachim n'apparaît en Occident qu'au xve siècle.
C'est sur le Protévangile de Jacques que repose la création des fêtes liturgiques de la Nativité de Notre-Dame (8 septembre) et de l'Immaculée Conception (8 décembre). De nombreuses églises sont érigées en l'honneur de sainte Anne à partir du vie siècle. Son culte devient extrêmement populaire au Moyen Âge et influence des théologiens tels que Jean de Gerson, Konrad Wimpinar et Johann Eck (ce dernier interpole qu'Anne, dans ses prétendus mariages ultérieurs, devint la grand-mère des apôtres Jacques, fils de Zébédée, Jean, son frère, Simon, Jude [Judas l'Iscariote], Jacques, fils d'Alphée, et Jacques [« parent du Seigneur »]). Martin Luther et bien d'autres critiquent avec véhémence le culte de sainte Anne, encouragé par les papes après la Réforme. La littérature orientale concernant sainte Anne, remontant au ive siècle, ne suit pas les légendes fantastiques de la tradition médiévale occidentale.
Sainte Anne est la patronne de la Bretagne, du Canada et des femmes qui enfantent.
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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