DE KEERSMAEKER ANNE TERESA (1960- )
Anne Teresa De Keersmaeker, une des plus grandes chorégraphes belges, a acquis une renommée internationale depuis la fin des années 1980, imposant son style qui est une symbiose intelligente de plusieurs courants artistiques. Pour créer des chorégraphies en osmose avec la composition musicale, elle invente des processus savamment complexes et très rapides qui génèrent une sorte d'ivresse du mouvement.
Entre abstraction et émotion
Anne Teresa De Keersmaeker, née le 11 juin 1960 à Malines (Belgique), a été formée, de 1978 à 1980, à Mudra, l'école de Maurice Béjart à Bruxelles, puis à la Tisch School of the Arts de New York en 1981. Dès ses premières pièces comme Asch (1980), Fase(1982), Four Movements to the Music of Steve Reich(1982), ou encore Rosas danst Rosas (1983) – qui sera à l'origine de la création de sa compagnie, Rosas, la même année –, tous les éléments qu'elle va développer au cours des années qui suivront sont déjà présents : danse, musique, son, langage, texte, images. De Keersmaeker ne s'interdit rien, à la seule condition que ces éléments s'inscrivent dans une rigueur d'écriture chorégraphique qui fasse sens. Pour elle, la composition est indissolublement liée à l'émotion, l'une naît de l'autre et réciproquement.
Son œuvre comprend des pièces abstraites dont toute idée narrative est absente (Fase), comme des chorégraphies plus théâtrales, où le texte joue comme contrepoint essentiel au geste (Just Before1997), voire du théâtre chorégraphique comme pour Quartett d'Heiner Müller (1999). Mais la grande constante de son œuvre reste la relation très étroite qu'elle tisse entre la danse et la musique comme en témoignent ses œuvres créées sur des partitions de Steve Reich, Györgi Ligeti, Belà Bartok, Wolfgang Amadeus Mozart, Jean-Sébastien Bach, Arnold Schoenberg, Eugène Ysäye, ou encore sa longue collaboration avec le compositeur belge contemporain Thierry de Mey. Cette sensibilité musicale est sans doute ce qui a conduit Bernard Foccroulle, directeur du Théâtre de la Monnaie (Opéra de Bruxelles), à la choisir comme artiste résidente associée à la Monnaie de 1992 à 2007.
Chacun de ses projets s'inscrit dans la continuité et la rupture avec les spectacles antérieurs dont il subsiste toujours une ou plusieurs composantes. Ainsi, les premières irruptions du texte (de Tolstoï et Brecht) dans les œuvres d'Anne Teresa De Keersmaeker datent d'Elena's Aria (1984). Mais c'est à partir de Just Before (1997) qu'elle inscrira la présence textuelle des danseurs dans ses chorégraphies, surtout dans I Said I (Auto-accusation de Peter Handke, 1999) et In Real Time (texte de Gerardjan Reynders, 2000), œuvres pour lesquelles elle collabore avec sa sœur Jolente, membre du groupe théâtral tg STAN.
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Écrit par
- Agnès IZRINE : écrivaine, journaliste dans le domaine de la danse
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