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WIAZEMSKY ANNE (1947-2017)

Anne Wiazemsky - crédits : Patrick Kovarik/AFP

Anne Wiazemsky

Petite-fille de François Mauriac, Anne Wiazemsky naît à Berlin le 14 mai 1947. Elle est la fille de Claire Mauriac et du diplomate Yvan Wiazemsky, dont la famille princière a émigré en France en 1919, après la révolution russe. Elle passe son enfance à l’étranger – Genève, Caracas –, et rentre à Paris en 1961, peu avant la mort du père, en compagnie de son frère Pierre, qui deviendra le dessinateur de presse Wiaz.

Mère, fille et fils vivent dès lors chez les Mauriac, dans le XVIe arrondissement. Lycéenne, Anne Wiazemsky interprète le rôle phare du film Au hasard Balthazar de Robert Bresson (1966), puis enchaîne avec La Chinoise (1967) de Jean-Luc Godard, avec lequel elle se marie, contre l’avis familial. Jusqu’en 1972, elle tourne dans nombre de films de celui-ci, ainsi qu’avec Pasolini (Théorème, 1968 ; Porcherie, 1969), Carmelo Bene (Capricci, 1969), Michel Deville (Raphaël ou le Débauché, 1971), et plus tard Philippe Garrel (L’Enfant secret, 1982 ; Elle a passé tant d’heures sous les sunlights, 1984). Au théâtre, elle joue sous la direction de Jean-Pierre Bisson, Pierre Romans et de Valère Novarina (Le Drame de la vie, 1986 ; Vous qui habitez le temps, 1989).

Des romans russes

Le canevas autobiographique, forme privilégiée de l’écriture d’Anne Wiazemsky, s’impose dès ses premières œuvres, enclines à fixer sans tristesse les émois vifs et mélancoliques de l’adolescence et de la jeunesse. Dans son premier roman, Mon beau navire (1989), l’adolescente embarque à Caracas sur un transatlantique, pour une traversée à destination de Paris. Observatrice troublée des jeux adultes de séduction et d’abandon, entre promenades et fêtes nocturnes, la narratrice s’initie au désenchantement de la perte de l’enfance. Dans Canines (prix Goncourt des lycéens 1993), le souvenir de l’expérience théâtrale est porté par l’émerveillement de jouer au festival d’Avignon.

Le premier volet de l’histoire familiale russe, Une poignée de gens (1998) – grand prix du roman de l’Académie française et prix Renaudot des lycéens – a pour centre le meurtre du grand-oncle Adichka Belgorodsky par les bolcheviques au premier étage d’une gare, à quelques kilomètres de son domaine. Des personnages contemporains se mêlent à la narration de ce drame ; sa petite-nièce, Marie Belgorodsky, écrit la saga familiale à partir du Livre des destins, le journal de la princesse Nathalie, l’épouse d’Adichka, exilée aux États-Unis, qu’un cousin remet entre ses mains. Cette narratrice constitue un double de la romancière, partie enquêter avec un cousin anglais sur les lieux de l’assassinat. Si l’itinéraire historique des personnages est exact, jusqu’aux rapports de police, l’auteur n’en adapte et réécrit pas moins cette vie mouvementée, bâtie sur le goût de vivre et les craintes. C’est là une de ses constantes ; raconter la vie de figures réelles grâce à l’invention et l’intuition romanesques, tout en se montrant respectueuse des documents d’époque, des mémoires et correspondances d’exilés. Aux quatre coins du monde (2001), second volet de l’histoire de la famille russe, raconte le départ en exil de celle-ci, alors qu’elle se trouve en Crimée : « Ils savaient que, sur les milliers d’émigrants qui avaient dû fuir la Crimée, ce 11 avril 1919, presque aucun ne reviendrait. »

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